Taverne

Sound Days #7 avec l’audio du village

écrit par audio du village

Il est tardif ce report. Un peu de fainéantise pour le folklore, un peu débordé pour l’explication la plus officielle. Tout comme avec le dernier Paris Audio Video Show 2018, le Sound Days a eu son lot d’intérêt et son lot de déjà-vu. Je suis pas salon hifi classique, pas plus qu’ambiance forum. Pas que je sois particulièrement misanthrope ou refermé, mais le côté uniquement entre poilus me fatigue. C’est une des raisons qui me fait ouvrir ce site au reste du public, ayant bien peu à apporter par rapport à un forum.

Bref, les salons purs hifi m’emmerdent, mais le Sound Days est un peu à part, trèès Parisien, en tous cas grande ville dans son approche légèrement design et vinylique de la chose. Du produit haut de gamme à tous les étages oui, du produit traditionnel bien sûr, mais de la place pour des marques plus petites, plus conviviales, du créateur, pas juste du chargé de com, le mec qui débute ou qui vivote, la passion qui vibre à travers un discours pas trop formaté, le mec qui va pas te prendre de haut parce que t’as pas la gueule du quinqua csp++ à qui il peut glisser une quenelle à plusieurs milliers de boulasses (je te vois toi). Pour faire simple, je vais juste garder de ce salon les marques avec qui j’ai pu avoir une petite discussion, une affinité, le reste m’intéresse franchement pas, j’ai pas encore perdu mes illusions au point de me mettre à genoux et prendre toutes les marques en bouche pour pas se fâcher avec.

Aëdle

J’espère pouvoir revenir un jour sur cette marque, plus en détail, tellement son approche me plait, depuis le début. Il n’y a rien d’audiophile chez le constructeur Français, pas au sens classique du terme, la marque a d’ailleurs jamais eu une telle aura. On sent l’amour du design, du produit d’artisan, du matériau noble avant toute chose. J’ai eu la chance de rencontrer les 2 membres fondateurs en 2012, quelques mois avant le lancement de leur très sympa VK1, modèle cuir et aluminium dont le concept presque tout entier sera repris voire copié plus tard par Master & Dynamics. Un modèle qui était blindé de défauts, mais merde qu’il était désirable. Le genre de modèle dont l’essentiel du grand public, prompt à juger sur son horizon très étriqué, n’a prit que pour son tarif, injustifié au regard des performances. Et oui, peut-être, et ce n’est pas le VK-X qui était présenté ici qui risque de changer la donne.

Un modèle sur la même base que ses vieux, de l’alliage d’aluminium usiné, parfois anodisé, assemblé en France dans une optique sur mesure, choix du cuir et de certaines finitions. Bref, un modèle qu’on ne juge pas plus comme un casque que comme un objet de luxe, un pur produit de design industriel, presque le rêve de deux mecs voulant leur casque plus beau que les autres. Mais attention, pas un produit design à la cupule en plastique des Beats, un truc correct mais qui reste un produit de sous-traitance, pas une oeuvre.

C’est donc dans un petit stand logé dans une des quelques allées du lieu aéré et lumineux que j’ai pu voir après plus de 6 ans Baptiste, fondateur de Aëdle, maintenant seul fondateur restant, pour une discussion très longue et intéressante sur la marque, les modèles, et en particulier le VK-X. Pratiquement tout de la conversation restera mon petit jardin secret, mais j’ai pu enfin tester le bouzin, déjà livré à presque tous les premiers backers Indiegogo.

Sont où les boutons ? Il y rien, je retourne, je gratte la coque, je zieute même dans les coussinets aimantés, je fais glisser la tige et… ah ! Le petit bitonio qui bouge pas à l’extrémité. Ouais les boutons de réglages sont camouflés dans un prolongement de la tige pour rester dans le design. En force de simplification, les mecs en ont fait une idée d’intégration, et ça j’aime bien. Petit tour avec un des casques encore à plat, petite recharge rapide, et je teste le son. On le sent, c’est du driver titane, le même que les anciens apparemment, la petite signature qu’on reconnait, mais déjà plus affinée, moins bosselée, plus quali dans les aigus. Me faire oublier un modèle hifi d’un prix équivalent (on parle d’un 599 en ce moment) ? Bah non, bien sûr que non. Mais t’as quoi en face comme genre de casque ? Master & Dynamic, pour des prix très proche, et c’est pratiquement tout.

Je repose, je regarde tout ce qui se fait : de l’alu brut, anodisé bronze, noir matte, un peu de tout en cuir, beau packaging. Pas dans l’audiophilie, dans un produit qui sonne très bien (mais il me faudra plus d’écoute) mais qui est pas totalement un casque, ou beaucoup plus que ça.

a.bsolument

Encore du Frenchie, aussi local qu’Aëdle. Le principe de la marque est simple et très vaste : retaper du vieux poste radio, du ghetto blaster, le meuble à lampes de grand-papy. Le tout pour quoi faire ? Lui caler de l’électronique plus récente, parfois réparer un peu quand c’est possible (la marque bosse avec des ébénistes), mettre du récepteur Bluetooth ou des amplis plus adaptés, et… bosser avec Focal pour remettre du driver de compet , sauf dans beaucoup de systèmes années 80 type ghetto-blaster.

Ouais, la retap, la débrouille presque, sauver la forme en retapant le fond. Une approche là aussi tout autant sentimentale que Design, parfois pur fantasme d’une époque comme la musique Synthwave sait le faire (et dieu que j’aime cette esthétique). On parle un peu de ça avec le fondateur, probablement le même âge que moi ou presque.

Mais, je m’arrêterai ici pour la marque, car je compte bien lui faire un article entier pour présenter le tout plus en détails.

Bref, un mur de vieilles radios, de toutes les époques ou presque, tout qui a fait pour attirer mon œil. C’est un peu comme ça que ça marche le Sound Days, faut se faire une place dans la lumière, et quelle chance chance d’avoir un lieu aussi solaire que le carreau du temple.

Mag-Lev Audio

Quand on parle design, autre truc qui accroche l’œil. Alors, je connaissais un peu le produit, l’annonce est vraiment pas nouvelle, mais sle truc est prêt et il débarque chez nous.

Là encore, l’audiophile s’en désintéressera. Lui veut du modèle stable, de la platine de 120kg en marbre pour les vibrations, à croire qu’on vit bombardé de météores ou le cul sous une faille sismique.

Non le pari est pas du tout là, faire le max en qualité, mais assumer son côté wahou, que ça claque, tu vois ta rangée de platine ? Faut qu’une seule ressorte. C’est ça la Mag-Lev Audio, et ça claque. C’est beau, ça passe pour de la branlette chez certains, tant mieux, retourne lester ta table.

Totalement mon approche le concept. Depuis longtemps j’assume le côté inférieur du vinyle sur un plan technique. Ouais, on soignait plus le mixage en son temps, la chaleur du truc le rend plus agréable, plus organique, on peut le préférer, mais ne pas me pipoter avec sa qualité pure. Non j’adore le vinyle, mais pour l’objet qu’il représente, la beauté d’une platine, les illustrations des pochettes 33, le petit cérémonial, chiner dans les coins improbables, s’obliger à laisser le temps à une chanson, un album entier, un truc que le streaming et toute notre ère d’humain pressé pourra jamais lui prendre.

L’occasion de mettre en avant la petite place dans le salon pour des bacs de vinyle, le retour de cette bonne vieille galette qui a, à son échelle bien sûr, re-dynamiser une sorte de commerce de proximité. On ne prend pas, on ne prenait pas autant de plaisir à découvrir du CD qu’on peut le faire avec le vinyle, passer des heures parfois à retourner des bacs pour la petite découverte. C’est ça aussi que j’aime bien dans cette mise en avant du Sound Days. Tant qu’elle ne parte pas dans sa supposé supériorité.

L’occasion de voir que la marque avait pensé à presque tous les cas de figure, soigné parfaitement le design, assumé son côté bel objet… si un jour j’ai les brouzoufs… après un Meze Empyrean.

Audio-Technica

On sort de la petite boite, mais c’est plus pour les responsables du stand auquel je pense. Vraiment sympathiques et disponibles pour mes questions, surtout les plus précises. On parle un peu de leurs modèles passés, présents et futurs, je jette une oreille au MSR7B que j’avais totalement oublié, par hasard : très léger, vraiment très léger, plus confortable, de la prise en Y… (mais il parait que c’est pour la qualité), et ouah !

Le modèle a le cul entre deux chaises, c’est sûr, se vend aussi bien comme un nomade que comme un hifi. De loin ça ressemble à pas grand chose, léger, un peu de plastique, plutôt bien fini, pas de quoi trembler d’extase. Mais une fois entre les oreilles, me fait bien fermer ma grande gueule. Le truc te dépasse le MSR7, sans se fatiguer. Le petit V assez familier mais bien géré, certains aimeront pas, une qualité dans les aigus, de la patate, de l’aération, c’est rarissime de voir ça pour un nomade. Les Meze 99 à la limite, qui me paraissent plus chaud (dans les 2 versions, surtout la classic) mais pas aussi techniques, le Fidelio L2 peut-être, mais plus en vente et semi-ouvert. Je risque de demander très vite le modèle en test.

La marque Audio-Technica est vieillissante ? Je le dis souvent en tous cas, les marques Jap en général, sans doute vrai la plupart du temps, mais faut clairement pas les sous-estimer. Cette petite bestiole a quelque-chose dans le ventre.

Focal

Allez, j’achève par la première chose que j’ai pu essayer, le Focal Stellia, le très haut de gamme fermé possiblement utilisable en nomade.

Chez Focal, rien à voir avec les autres petites marques. C’est carré, sérieux, rodé, toujours quelqu’un pour conseiller. Plus convenu forcément, moins chaleureux, mais on peut parler de l’approche, de son avis sans que ce soit balayé de la main par un vendeur au discours sclérosé.

Alors le Stellia ? Il faut être assez clair, bien que le casque soit pas le plus complet (oubliez les styles type rock, électro, trop agressifs là dessus), il possède les mêmes qualités que le Utopia. En gros, pas moins bon ni meilleur, un peu différent, un peu moins aéré parfois mai plus charpenté, je pense plus qu’il plairait davantage à une cible standard, « non-audiophile » (ce terme est idiot, mais il se comprend).

Pour faire simple, c’est un incroyable modèle fermé, sans vraiment de concurrence, les Denon ou les Sony Z1R peuvent aller se rhabiller. Reste le Fostex, TH900, très en-dessous techniquement mais plus complet dans les styles. L’amortissement est proche de la perfection, il met des mandales à l’essentiel des très bons ouverts dans ce registre. Difficile de ne pas voir une sorte de casque nomade ultime pour les amoureux de classique, jazz et musique instrumentale. Car il garde la signature Béryllium, qui peut vite déborder sur trop de clinquant. Les aigus sont vraiment riches, l’extension folle, la maîtrise est là, mais cette orientation fait qu’il ne peut pas faire de miracle partout. Vous aimez pas les Focal de Salon ? Vus aimerez pas celui-là. Si vous les aimez, mettez le au top de la liste avec l’Utopia.

Clairement, bien que le Utopia sonne encore plus large, je préfère le Stellia, moins cher mais au moins aussi bien fini à savoir irréprochable, vrai objet d’art, mais surtout pour son aération et son sens du détail. Dire qu’on ne parle que d’un fermé.

Et sinon ?

L’orientation mi-hifi mi-vinyle/design du salon Sound Days a vraiment un côté intéressant. Il est presque dommage à mon sens de ne pas aller au bout du concept pour s’élargir un peu plus, ce qui j’espère sera le cas les prochaines années. Car passés les quelques stands intéressants, la déco et la beauté du lieu, beaucoup de choses rappellent le salon hifi tradi : les quelques bourrus tenant un stand et ne souriant que quand il faut vendre, le visiteur jeune qu’on prend de haut, une absence presque totale et malheureusement habituelle de femmes (et venez pas me parlez de « ça les intéresse pas »). On reste très loin d’une canjam, rassemblement de casqueux aux ambiances vraiiment geek.

Un salon plaisant, sans trop de foule, un peu entre deux, qui pourrait devenir vraiment un incontournable avec un petit peu plus de.

Petite galerie dans la suite, c’est cadeau.

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audio du village

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