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Casque Légendaire #4 : Grado HP1000

grado HP1000 version HP1
écrit par audio du village

 

La plus Américaine et la plus vénérable de ses marques. Basée à Brooklyn depuis ses origines en 1953, Grado s’est d’abord fait les dents sur les Cellules phono (ce qu’il fait encore d’ailleurs),  les enceintes pendant un très court laps de temps dans les années 60, puis les casques en 1989 via le HP1000 : Celui, ou plutôt ceux qui vont nous intéresser.

(source image titre)

Grado HP1000 :  rêve de métal

Habitué aux cellules phono depuis près de 40 années, la marque Grado, on ne sait pas bien pourquoi, se lança dans l’aventure du casque à la fin des années 80. A l’époque, il n’y avait presque que de gros constructeurs. Les modèles haut de gamme, Allemand ou Japonais, relevaient de designs parfois ovniesques, mais toujours extrêmement sérieux, entre la rigueur Allemande (Orpheus HE90, bien qu’il sortira en 91) et les touches luxueuses Japonaises (Sony R10). Ainsi le nain de Brooklyn resta sur son axe proche de l’artisanal et sa très petite équipe, proposant une approche unique.

En sorti le HP1000, tout en aluminium usiné pour les coques, en acier pour les réglages et en cuir pour le revêtement de l’arceau. Tout dans ce casque excepté le driver relevait de la fabrication à petite échelle, avec ses qualités et ses erreurs.  Jamais plus Grado n’ira aussi loin dans le concept, mais c’était à l’époque la seule solution pour fabriquer toutes les pièces (excepté le driver encore une fois). le support des tiges en aluminium ne sera plus réutilisé par exemple. Dommage, car il donnait une vrai tronche industrielle, plus aussi réussie chez la gamme PS. L’utilisation du métal pour la coque, entourant directement le driver, permettait un bien meilleur amortissement que le plastique traditionnellement utilisé pour les casques.

Enfin, plus important que tout, le driver. Bien qu’il n’était qu’un modèle électrodynamique à membrane plastique, il recelait quelques petites particularités.

  • Son dôme (partie centrale bombée) était légèrement plus rigide que le reste de la membrane via l’utilisation d’une structure striée
  • La bobine mobile (cercle de cuivre attaché à la membrane et repoussé par l’aimant) n’était pas  attachée à la base de ce dôme comme cela se fait habituellement, mais en très légère périphérie, créant une sorte d’anneau entre la bobine et le début du dôme
  • La base du dôme était quant à elle raccordée à un second cercle, lui-même collé à une sorte d’amortisseur, sur le principe d’un piston, limitant le mouvement de la membrane pour éviter de la distorsion à trop haut-volume

L’idée derrière ces particularité étaient d’à la fois réduire les résonances possibles et descendre un peu plus bas dans le spectre.

grado HP1000 driver

driver du RS1 à gauche, driver du HP1000 à droite (source image)

Mais tout n’était pas rose, même pour l’époque. Pour commencer le modèle est relativement lourd du fait de sa structure métallique. Pour ne rien gâcher, la mousse utilisée alors par Grado était particulièrement fine et fragile, laissant vite un port désagréable et une durée de vie douteuse. La plupart des utilisateurs « upgradent » donc depuis vers des mousses plus modernes. Grado, n’ayant pratiquement pas changé le diamètre de ses drivers avec le temps, permet une certaine universalité de ses mousses. Son haut de gamme supra (reposant sur les oreilles) se fait autour des coussinets dits  L, son haut de gamme circum (englobant les oreilles) autour des coussinets dits Jumbo. Il est possible de passer l’un à l’autre via le  HP1000, avec une sonorité légèrement différente.

La peinture, présente sur la face externe des coques, est également un défaut du casque, même si seulement cosmétique, ne tenant pas avec le temps et les frottements.

 

Grado HP1000 : Ceci n’est pas un Grado

Une chose fait qu’il reste, même maintenant, unique parmi les Grado : Sa signature. La marque sonne souvent « A l’Américaine », c’est à dire loin de la neutralité, mettant en avant les bas-médiums et divers pics plus ou moins marqués et plus ou moins décalés dans les aigus. Beaucoup de personnes trouvent ainsi les Grado agressifs ou fatigants,  ce qui est une opinion qui se défend.

réponse en fréquence (source image)

A l’inverse, les HP1000 sont des modèles de neutralité, loin d’être agressif ou trop basseux, car pensés à l’époque pour le monitoring. Presque aucun autre modèle ne lui ressemble, de près ou de loin, sur ce point. On cite souvent ses médiums, très légèrement mis en avant, comme parmi les mieux reproduits. Il y a là encore une part de nostalgie, mais pour qui aime à la fois les casques et l’approche vintage cela se défend, encore faut-il le supporter sur les oreilles…

 

Un modèle qui en font 3

Je vous parle depuis tout à l’heure du Grado HP1000, mais nous sommes là dans un nom qui n’est pas vraiment officiel, puisqu’il n’existe pas un mais 3 modèles de HP1000 :

  • HP1 : Reconnaissable par la présence d’un inverseur de polarité sous la forme d’un petit interrupteur présent sur chaque coque (image titre). Un petit outil (très rarement) utile pour corriger un petit problème apparaissant sur certains enregistrements. Mais à moins d’être ingé son…
  • HP2 : Le même, mais sans les interrupteurs, présentant un petit logo à la place
  • HP3 : Extérieurement identique au HP2, mais présentant une petite inscription sur la face interne de la coque, caché par le coussinet

 

Les qualités loués du HP1000 se font généralement sur les HP1/HP2, pour une raison assez simple :  le HP3 était considéré par la marque elle-même comme à 85% de la qualité sonore du HP2. Bien qu’utilisant le même driver, le HP3 était en quelque sorte le modèle de rattrapage pour les drivers un peu moins réussis de la série. Imaginez un moteur  moins bien réglé dans un même châssis.

Il y a aussi, parmi les plus connaisseurs (ou les plus malades), une idée voulant que le HP2 serait un poil meilleur que le HP1 du fait du parasitage lié au circuit de polarisation de ce dernier (fils supplémentaires entre autres).

Encore plus loin dans l’audiophilie profonde, il exista 3 générations « officieuses » du Grado HP1000, se différenciant par leurs câbles qui, parait-il, ne rendaient pas exactement le même son :

  • Premier câble :  sans nom particulier
  • Second câble appelé très pompeusement : Joseph Grado Signature Ultra-Wide Bandwidth Reference Cable
  • Troisième génération de câble, appelé : Signature Laboratory Standard

Côté rareté ? Ce Grado HP1000 fut produit à 1000 exemplaires seulement, pour un prix respectif de :

  • HP1 : 595$
  • HP2 : 495$
  • HP3 : 395$

Nous sommes alors en 89, ce qui ferait au cours actuel 1200$, 1000$ et 800$ tout de même. Sauf que, justement, la rareté aidant, ces casques dépassent facilement ce prix à la revente. Le HP1 est le plus haut de gamme et cette particularité fait qu’il se démarque, le HP2 est le plus populaire car un peu moins cher mais tout aussi bon, et le HP3 le plus rare car bien moins produit. Ce dernier reste le moins cher à la revente, mais sa rareté fait justement qu’il rattrape son retard. Pour les deux autres, il n’est pas rare de voir les prix s’envoler de 1000$ à un HP2 en état correct à 3000$ pour un HP1 en excellent état. Pas forcément logique, mais le marché du vieux casque est ainsi.

 

Reste que ni les GS1000, RS1 ou PS1000 plus récents n’ont la réputation du HP1/HP2, pas plus que leurs tronches penchant entre le DIY et l’incroyablement vintage, un peu triste quand on sait qu’il arrive sur ses 30 ans. La nostalgie, mais pas seulement.

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