Blue est un des grands noms du microphone. Pour la plèbe, il n’évoquera peut-être que le célébrissime Yeti, sorte de super produit à tout faire et clé en main (USB, avec une version Pro en USB/XLR), voire, sans pouvoir les nommer, l’un des produits au design si caractéristique type Blue Spark SL, BlueBird, ou encore BabyBottle. Sans pouvoir les nommer, mais en les ayant aperçu chez quelques streamer, Youtuber, zicos, dans des situations extrêmement diverses. Ce dernier point n’est pas un hasard, puisque qu’un micro, comme celui que nous allons tester ici, demande certes un minimum d’investissement externe, n’est pas pour les débutant complets, mais est ce qui se fait de plus polyvalent et technique en la matière. Aujourd’hui, c’est le Blue Spark SL qui passe dans nos mains peu expertes, sa déclinaison Black Edition pour être plus précis. Pour les adeptes de la langue de Boris Johnson, oui, il s’agit simplement d’une version noire, le modèle standard étant en rouge pâle.
C’est quoi ce genre de micro ?
Nous reviendrons sans doute un jour sur les différentes familles et technologies de microphones, sujet qui me passionne presque autant que les casques audio et enceintes. Il y a beaucoup moins de test de microphones, en tous cas en France, et, quand cela arrive, sont généralement l’œuvre de sites spécialisés (type audiofanzine), des gens beaucoup plus qualifiés que votre modeste serviteur (oui, il m’arrive d’être modeste, profitez-en).
Bref. Pour en revenir à notre petite affaire, le Blue Spark SL est un microphone de type XLR, utilisant un transducteur de type condensateur, ou électrostatique.
La différence fondamentale entre un micro USB et un micro XLR n’est pas seulement sur la connectique, mais sur la nature profonde du produit.
Ainsi, un micro XLR ne fait que transformer la voix en un signal électrique, chose que permet ce que l’on appelle le transducteur (transforme un type d’énergie en un autre type d’énergie). Ainsi il reste analogique du début à la fin. Cela lui permet d’être utilisable sur des enregistreurs analogiques (très rares en 2021), ou des enregistreurs ou interfaces prenant en charge cette connectique. Pour utiliser un micro XLR sur un PC, il est nécessaire d’avoir cette interface, laquelle va transformer ce signal analogique en signal numérique, cela via une étape que l’on appelle conversion analogique-numérique, ou ADC. Cette conversion est généralement effectuée par des puces tout-en-un, appelées justement des ADC. Pour info, l’inverse de cette étape, à savoir une conversion numérique-analogique, se fait avec un DAC, terme plus connu chez les « audiophiles ». Peut-être encore plus qu’un DAC, un ADC, à la base de la chaine sonore, est un point crucial.
Bien qu’analogique, un microphone XLR type Blue Spark SL n’est pas exempt de circuit électronique, que ce soit pour assurer son alimentation, sa préamplification, son filtrage, ainsi que certaines particularités. Il n’y a pas simplement un transducteur et une prise XLR, loin de là.
A l’inverse, un microphone USB intègre à peu près les mêmes caractéristiques qu’un micro XLR, mais va au moins ajouter une conversion analogique-numérique, ainsi qu’une interface USB et, de fait, un firmware. Cela lui permet d’être directement utilisable sur PC/MAC et parfois Smartphones ou tablette, même iOS. Plus simple d’utilisation, car ne nécessitant aucun matériel, ils sont également plus limités, car impossible à raccorder à des enregistreurs externes ou à des interfaces (ou alors logicielles), et sont théoriquement moins durables, car plus chargés en électroniques, et plus dépendants des évolutions des pilotes logiciels et matériels, moins bruts que les XLR. Une affirmation qu’il faut prendre avec des pincettes bien sûr. Reste que, par ce côté plus simple et direct, moins polyvalents, les microphones USB n’atteignent pas les sommets techniques et pécuniaires des microphones XLR. Surtout, et ce point est assez lié, ils ne peuvent pas intégrer autant de technologies de transducteurs que les modèles XLR.
Voilà pour la différence entre les deux grandes familles actuelles, encore que nous aurions pu simplement dire « différence entre micros tout analogique et micros avec interface numérique ».
Une fois cette distinction passée, il existe une myriade de technologie de transducteurs, à savoir l’ensemble membrane + système de conversion de l’énergie mécanique (déplacement de la membrane par la voix) vers électrique. D’un point de vue technique, le rôle de ce transducteur est à peu près l’inverse de celui présent dans une enceinte, avec des problématiques différentes.
Pour les microphones classiques, de ce format, nous avons en général deux technologies : les microphones dynamiques, et les microphones à condensateurs (type Blue Spark SL). Les premiers, un peu plus nombreux, ne demandent pas de disposition particulière même si dans certains cas (le fameux Shure SM7B), leur faible sensibilité peut nécessiter une préamplification assez conséquente, qui n’est pas compatible avec toutes les interfaces. Les seconds, en revanche, demandent un point particulier : une tension (continue) de polarisation de l’un de leur élément, tension apportée par ce que l’on appelle une alimentation phantom. Cette alimentation est dans la grand majorité des cas en +48 V (le cas du Blue Spark SL), même s’il existe des déclinaisons 24 V, 12 V ou 10 V.
Plusieurs différences existent entre ces deux microphones, souvent à manier comme des généralités et des non des vérités absolues. Un microphones à condensateurs génère la plupart du temps un niveau de bruit propre un peu plus élevé, et encaisse un niveau de pression (une sorte de volume max) un peu plus faible que le microphone dynamique. A l’inverse, il fait souvent montre d’une plus grande linéarité générale, en particulier dans les aigus. Pour généraliser encore, un microphones dynamique est plus souvent utilisé dans les pures utilisations vocales, chant ou podcast/radio, quand un microphones à condensateur est un peu plus polyvalent, car est tout aussi adapté à la voix qu’à un enregistrement d’instrument très patateux.
Après presque 1 000 mots de bavardages, il est temps d’arrêter la bamboche et rentrer dans le vif du sujet.
C’est moi qui ait le plus petit
Avantage ou non, le Blue Spark SL n’a rien à voir avec mes quelques modèles de Rode (Podmic et Procaster), plus imposant et plus massif. Le modèle Blue ne fait pourtant pas tâche, le design a cette petite touche rétro, vintage, osé, mais le produit semble également plus fragile, beaucoup moins dense. Le genre plus beau et plus agréable à l’œil, contre deux modèles austères, mais taillés comme des tanks. Le Blue SPark SL pèse par exemple 336 g, quand le Podmic en fait 937 g.
Surtout n’allez pas croire que nous tenons là un microphone de manant, tout est fabriqué sur une base métallique, sans véritable reproche. Seulement, c’est là l’un des points qui n’impressionne pas franchement.
Mais surtout, vrai avantage du Spark SL, celui-ci est livré dans une boite en bois (léger), assez pratique pour le transport et pour claquer ce petit effet de luxe, ainsi qu’avec une suspension « Shockmount », le genre de gadget qui n’est pas toujours livré en standard. Cette petite suspension, grand classique pour une utilisation avec de bons modèles, permet d’éviter que les à-coups ou vibrations des (trépied ou perche) ne se répercutent sur le microphone, surtout dans les basses fréquences. A ce titre, le produit est déjà plus complet que la plupart des autres modèles de ce tarifs, comme ce qui existe chez Rode justement.
Pas grand-chose de plus à dire. Le Spark SL est un microphone assez simple, avec un design assez caractéristique. Mon amour des couleurs, en particulier du bleu, fait que je ne suis pas spécialement fan du triste noir ici présent, mais rien de rébarbatif.
Qu’est-ce que je peux faire avec ?
On en parlait plus haut, un microphone, même analogique, n’empêche pas d’intégrer des circuits, que ce soit pour des réglages sonores ou des fonctions type adaptation d’impédance, chose qui est toujours intégré sur les microphones à condensateurs (l’impédance du transducteur étant trop élevé de base). Ici, la marque intègre deux fonctions assez pratiques, même si assez répandues.
Premièrement, un filtre coupe-bas, atténuant les basses fréquences en-dessous de 100 Hz (12 dB par octave environ). Quel intérêt ? Ces fréquences ne sont pas utiles dans un grand nombre d’usage. La voix humaine, par exemple, ne descend pas aussi bas. Laisser cette bande de fréquence peut risque de capter d’autres fréquences, pas forcément souhaitées, ex : on entend souvent sur certains podcast, le bruit sourd d’un plateau de bureau si un des participants tape sur son clavier (sorte de résonance amplifiée par le microphone), en particulier sans shockmount. Cela permet également d’éviter que les harmoniques de fréquences inférieures viennent se retrouver dans les fréquences vocales. Beaucoup d’interfaces et cartes son permettent, de base, ce réglage.
Deuxième fonction, la présence d’un atténuateur -20 dB. Se quoi d’abaisser largement le niveau de captation, de quoi éviter la saturation ou de gérer plus facilement un environnement sonore un peu bruyant.
Seul reproche, l’absence de filtre anti pop intégré (ou externe livré en standard), l’élément permettant d’éviter ces brusques saturations et crachotements sur ce que l’on appelle les plosives, son type « b » ou « p » par exemple. A la décharge de la marque, ce type de filtre n’est pas si souvent intégré sur les modèles à condensateurs, alors qu’il est très répandu sur microphone dynamique. Un filtre anti-pop externe ou une bonnette de micro pas trop mal foutue règlent ce problème, mais ce point peut être une complication de plus pour le néophyte.
La voila, ma belle polyvalence
On pourrait voir le Blue Spark SL comme un bon exemple des différences entre condensateur et électrodynamique. Sans surprise, la force du produit est sa polyvalence, en particulier sa capacité à être aussi à l’aise avec les voix qu’avec des instruments, avec la douceur et avec l’énergie. La différence par rapport à un micro dynamique déjà très correct, comme le Procaster, s’exprime dans ses différences entre la gestion des basses et des aigus.
C’est simple, le Procaster à un côté un peu plus détaillé dans le bas du spectre, un côté plus « voix de radio » sans être déséquilibré. Le Spark SL est clairement plus à l’aise dans les aigus que le Procaster ou le Podmic, une disposition classique pour ce genre de microphone, qui est d’une manière générale plus équilibré. Je vais tempérer un peu ce bel équilibre, puisqu’il semble malgré tout y avoir une très légère accentuation dans les aigus, autour des 8 ou 10 kHz, un regain de clarté qui peut être vu comme un avantage ou un défaut. Cela bénéficie pas mal, à mon avis, à la plupart des enregistrement acoustique (même si ce n’est qu’une préférence de ma part), voire sur certains chants très clairs, tout comme cela peut avoir tendance à rajouter un peu trop de brillance.
Autre bonne qualité du produit, sa capacité de retranscrire l’énergie des instruments ciblés. Pas le genre à se faire dépasser par une son très puissant. Il le fait sans trop de difficulté et capte particulièrement bien les petites nuances.
Le Blue possède ce côté plus polyvalent que les Rode déjà cités justement, un peu plus technique, mais cela se fait également au prix de la simplicité. Sans être difficile à maîtriser, le micro Blue demande un peu plus de réglages, notamment sur le niveau d’entrée (sature plus vite). Rien qui posera de problème à un utilisateur averti, mais le débutant devra prendre ça en compte. Une disposition d’autant plus grande que l’absence d’anti-pop est très nette, cet accessoire est presque obligatoire.
Pour qui ?
Exemple même du microphone passe-partout, le Blue Spark SL n’est pas forcément le meilleur de sa catégorie, mais se permet d’être l’une des propositions les plus polyvalentes techniques de cette gamme. Un produit qui n’est pas pour tout le monde, mais définitivement à recommander.