True Wireless Test

Test Xiaomi Air 2 / Airdot Pro 2 : Bozo le clone

Xiaomi Air 2 avec boite ouverte
écrit par audio du village

Ah le fameux « ouais mais gros pigeon, moi j’ai trouvé les mêmes que les airpods pour 5 fois moins cher » ! Qui n’a pas un ami stupide prêt à vous la sortir cette phrase, qui n’a pas une connaissance arguant que « c’est presque aussi bon » après avoir regardé un test d’un énième clown testeur de produit chinois sur youtube, vous jurant main sur le cœur qu’il tient une trouvaille absolue. Avec ces Xiaomi Air 2 (Xiaomi Airdot Pro 2 suivant la localisation) l’écart n’est pas aussi grand, la comparaison n’est pas aussi stupide, mais diable que l’on m’a bassiné avec la qualité fabuleuse de ce modèle que je possède depuis maintenant 6 mois, et que les fans de Xiaomi peuvent bien manquer d’objectivité (pire que les fans Apple) pour annoncer que ce produit est tout à fait comparable au modèle Apple. Huawei m’a déjà fait le coup avec les Freebuds 2 et même les freebuds 3, sans doute les écouteurs les plus proches (mais pas aussi bons non plus), il ne me parait pas très crédible que les Xiaomi Air 2 réussissent m’exploit en étant vendu à environ 80 Euros (très souvent moisn). Autant dire que j’ai, avec mon rythme de grosse feignasse, pu largement me faire une idée sur l’écouteur.

Xiaomi Air 2 dans leur boite

Le Xiaomi Air 2 / Airdots Pro 2 est une sorte de suite des Airdots Pro premiers du nom (modèle ++ des Airdots), des écouteurs à tige mais cette fois-ci intra-auriculaires, rentrant dans l’oreille donc. Les Airdots Pro 2 sont quant à eux calqués sur le principe dit « d’écouteurs boutons » des Airpods. La promesse de plus d’aération, mais la crainte d’un niveau de basses dramatiquement plus faible. N’oublions pas que ce qu’ont réussi les Airpods et Huawei Freebuds 3 en la matière, sans aucun système de petite « triche » avec mousse ou embout en silicone, force l’admiration. La technique reste celle d’écouteurs boutons, difficilement au niveau de bons intra, mais tout de même correcte.

Xiaomi Air 2 : Présentation

Rapide présentation de ce modèle. Le Xiaomi Air 2 est un True Wireless assez classique dans l’idée de ce que l’on appelle un peu abusivement « clone » d’Airpods (mais bon, vu la part de marché insolente d’Apple sur ce marché), c’est à dire des écouteur non-intra avec l’électronique placée dans une tige, elle-même pendouillant le long de l’oreille. Le tout vient se recharger dans un boitier dédié, blanc et de dimensions à peu près similaires à celles des Airpods. De loin on ne va pas dire que l’illusion est parfaite, mais les dimensions sont très respectables.

Par contre… qu’est ce que c’est que cette tige dégueulasse façon bâton de glace ? Les Airpods, même des années après, donnent toujours un air con, mais les Airdots 2 cran plus loin dans le ridicule. On espérera que le volume supplémentaire pas négligeable servira à y caler une meilleure batterie, ou des trucs du genre. Si l’on devait chipoter également (et on va le faire), la boite est tout à fait adaptée à un format poche, mais reste pourtant plus volumineuse que celle des Apple. Sans avoir les mesures exactes, cela donne environ un volume double (même si cela ne se voit pas comme ça). Le côté anguleux peut également se voir comme un petit frein, puisque la boite accroche un peu plus les poches. Vous voyez, c’est ça le chipottage.

Au chapitre des petits plus, puisqu’il y en a théoriquement, les utilisateurs de smartphones Xiaomi peuvent utiliser un système d’appairage rapide et faire appel à l’assistant Xiao AI sur simple commande vocale.

Autre avantage, une certification IPX4. En pratique les Airpods Résistent bien aux projections d’eau, mais l’approche de Xiaomi est un petit plus pour courir sous la pluie par exemple (il faut simplement éviter les jets sous pression en pratique, pas de rinçage donc). Enfin, pour les petits pigeons (oui à ce niveau c’est le terme), le modèle est annoncé compatible LHDC, le codec de Huawei/Savitech censé concurrencer le LDAC de Sony. On y reviendra au chapitre des codecs.

Fabrication

Rien d’honteux, vraiment. Les Airdots Pro 2 rendent une copie acceptable. Mais… il y a tout de même quelques bémols, en gros la route est encore longue pour prétendre faire du Airpods, eux-mêmes pas irréprochables. La qualité du plastique de la boite et des écouteurs n’est pas gadget non plus, mais un brin moins dense que celle des Apple, un peu plus résonnante. Même point sur le vieillissement. Le côté mat est une bonne idée puisqu’il fait moins ressortir les micro-rayures, mais il semble plus sujet à la décoloration. Le blanc bien pur des débuts s’est transformé en blanc avec petites nuances de jaunes/gris en à peine quelques mois, contre environ 3 ans pour les Airpods 1 (vieillissement équivalent).

Xiaomi Air 2 Boite ouverte

Les écouteurs ballottent légèrement plus dans leur boite également (il suffit de secouer). Là encore on ne va pas crier au vol, simplement à la petite optimisation d’un côté, et à une attention sur les détails un peu moins sérieuse de l’autre.

Confort

Pour le coup, on serait tenté de dire qu’on aime ou on aime pas les écouteurs boutons, et que cela fera toute la différence. C’est vrai… mais en partie seulement, car de très fines variations peuvent apparaître, même en clonant (oui je sur-abuse de ce mot) un modèle.

L’oreillette est très légèrement plus volumineuse que sur les Airpods, là où celle des Huawei Freebuds 3 était simplement orientée différemment (là aussi de manière infime)

Xiaomi Air 2 écouteur seul

Cette différence infime ne me dérange pas, mais peut faire son effet sur de longues sessions. Si les Airpods ne sont déjà pas votre tasse de thé, les Xiaomi Airdots 2 ne le seront pas plus, ils pourront même passer pour une très légère régression.

Un peu à l’image des Airpods, si les écouteurs tiennent dans vos oreilles de base, ils seront tout à fait adaptés à une pratique sportive.

Ergonomie et contrôles

Alors là, c’est le genre de chapitre qu’on peut torcher vitesse grand V. Pas de tactile, réglage de volume ni autre fonction avancée, mais un truc à peu près correct.

Les Xiaomi Airdots pro 2 utilisent un système de tapotements proche de celui des Airpods. Deux tapes pour décrocher un appel, deux tapes à droite pour lecture/pause, deux tapes à gauche pour déclencher l’assistant par défaut. C’est à peu près tout. Même pas de navigation possible.

Xiaomi Air 2 tige

Petite fonction pratique pour certains et horripilante pour d’autres : la présence de capteurs optiques coupant le son et le remettant si les écouteurs sont dans l’oreille ou non. Ce principe m’énerve particulièrement, et il faut forcément installer une application comme DotDroid (sur android) pour pouvoir la couper… ou avoir un smartphone de la marque bien sûr.

Bon, correct quoi, on ne va pas dire que les Airpods sont bons non plus même s’ils étaient un poil plus complet.

Isolation (attention il y a un piège)

Ecouteurs bouton (ou non-intra si vous préférez) = Pas d’isolation ? C’est vrai en pratique, même si en analysant à la tête de mesure on peut mettre en évidence quelques atténuations dans les aigus. BREFEUH, le problème n’est pas là, puisque la marque annonçait comme beaucoup d’autres une réduction des bruits ambiants.

Xiaomi Air 2 boite

Ah que j’aime ce petit terme marketing. Les marques jouent astucieusement de cette ambiguïté, mais il s’agit la plupart du temps d’une isolation de la voix lors des appels. En gros, en isolant la voix on a effectivement moins de bruits ambiants transmis. La bonne petite nuance de crevard, mais une chose sur laquelle nombre de sites pourtant sérieux se font encore avoir. A moins d’avoir bien le terme ANC et au moins un début d’explication du procédé, c’est qu’il n’y a absolument pas de réduction de bruit active là-dedans. Chapitre suivant.

Connectivité et Bluetooth

Point plutôt réussi du Xiaomi Air 2, la connectivité n’est pas incroyable mais relativement stable. Je met relativement, car j’ai pu constater des désynchronisations droite-gauche à plusieurs moments. Ces désynchronisations ne se se manifestent pas sous la forme d’une coupures mais plutôt d’une impression reverb. L’oreille étant très sensible à la notion de retard, la très légère avance de l’un ou l’autre des écouteurs donne cette réverb étrange. Pas tous les jours, mais parfois 2-3 fois par semaine. Pour le reste le signal est toujours stable.

Xiaomi Air 2 sans boite image presse

La connectivité est de type sniffing, et non maître-esclave. Pour parler français, un écouteur va vraiment se connecter au téléphone, le second interceptant le flux du premier tout en se synchronisant avec lui. Cette méthode permet d’améliorer l’autonomie par rapport à une connexion maître-esclave, où le premier écouteur fait le relaie sonore vers le second écouteur (plus grosse latence et dépense énergétique plus importante). Autre bon point ici, il est possible d’utiliser seul l’un ou l’autre des écouteurs.

Parlons un peu codec Bluetooth. La puce utilisée ici est Bluetooth 5, ce qui n’a pas grosse incidence sur le signal en lui-même si vous avez déjà lu cet article (que vous devriez partagez d’ailleurs).

Niveau côté on ne peut pas demander grand chose à un True Wireless. Rappelons qu’un casque galère déjà sur le LDAC en 660 et 990 kbs en pratique, alors un True Wireless….

Xiaomi Air 2 tige recharge

Oui, je referai sans doute un dossier à ce sujet, mais demander à des marques de True Wireless d’implémenter tout ce qui est au-dessus du AptX en débit (AptX ou LDAC) est inutile. Cette limitation n’est pas là par paresse mais de deux ordres.

  • Premièrement de tels débits sont intenables en pratique sur des True Wireless. On peut bien parler de débit de 1mbs du LDAC, encore faut-il que cela soit possible dans des conditions normales. Les True Wireless, leurs petites antennes et donc leur faible puissance émission/réception (appelé RSSI) seraient totalement largués.
  • Deuxièmement l’autonomie prendrais un bon coup de hache dans la gueule sur les codecs AptX HD et surtout LDAC version 660 et 990. Sur un casque cette baisse d’au moins 30 % (sur le LDAC 990) n’est déjà pas négligeable, elle deviendrait immense à l’échelle d’un True Wireless, pour lesquels chaque minute compte. Et même, cela se ferait au prix d’un gain inaudible, les convertisseurs et amplificateurs intégrés des TW étant là pour favoriser l’autonomie, consommer moins.

En bref il est bien difficile pour une marque de mettre un codec dit « HD » dans des True Wireless, ce qui explique la seule présence du SBC et du AAC ici.

Non… il y a aussi le LHDC, un codec HD porté par Huawei. Mais alors comment réussir ce prodige ? Assez simple, en laissant seulement la version 300 kbs du codec, histoire d’avoir une qualité potentiellement discutable, mais en affichant LHDC sur la boite pour faire croire à une qualité HD. Un bon argument marketing bien foireux, chose que Sony n’a pas encore osé faire avec le LDAC (parfaitement intégrable dans sa version 330 kbs, même si techniquement plus mauvais que le SBC et le AAC).

Micro

Je vais être honnête, ce point a été assez peu testé. Néanmoins, je note que la voix est à peu près correcte en milieu calme. Les Airpods font mieux, mais aucun n’est dans ce qui se fait sur un casque Bose Headphones 700 par exemple.

Xiaomi Air 2 évent arrière

En milieu bruyant… il fait ce qu’il peut, l’isolation n’est pas particulièrement supérieure à ce qui existe déjà. Pour un produit à moins de 100 Euros il n’y a pas tellement mieux chez la concurrence de toute manière… bien mieux que les armées de clones.

Autonomie

Mais t’as fait qoi Xiaomi ??? La grosse tigeasse de l’enfer et 3 h 30 dans le meilleurs des cas et 2 h 50 dans le pire ? Oui en 2020 c’est un chiffre justement digne d’un clone, vraiment pas plus. Alors oui, on pourra rappeler que 3 h – 3 h 30 n’est déjà pas si mal, ce qui est vrai. Mais on peut surtout pointer du doigt que cela implique des cycles beaucoup moins espacés.

Il est tout à fait possible, avec une utilisation soutenue, de déclencher 2 ou 3 cycles par an, de quoi flinguer le modèle en moins d’un an et demi. La boite de recharge permet à peu près 3 recharges, soit entre 9 et 10 h 30.

Son

Soyons clair soyons bref, le Xiaomi Air 2 est décevant, cela pour une raison simple : sa signature totalement montante, incapable de tenir un niveau de basse ou même de bas-médium. Le problème de ce type d’écouteur est de pouvoir, sans sceller l’écouteur dans le conduit auditif, de pouvoir avoir suffisamment de coffre pour transmettre les basses fréquences. Le principe est compliqué à moins de sortir une espèce de bouillie via un goulot d’étranglement. Les Airpods sont dans ce qui se fait de plus convaincant en la matière, car ne s’effondrant pas (ce qui est déjà bien), les Huawei Freebuds donne à peu près le même résultat, les Freebuds 2 limitait la casse en sur-gonflant pas trop violemment cette gamme… les Xiaomi Airdots 2 se gamelle clairement, et n’arrive même pas à tenir les fréquence un peu plus haute. Petit exemple avec la réponse en fréquence mesurée.

Courbe compensée des Xiaomi Air 2. En la prenant à l’envers, on pourrait y faire du ski.

Le problème apparait dès les médiums pas fantastique car manquant clairement de consistance. Le modèle monte, monte, si bien, que tout parait clair dans ce registre, il manque la petite chaleur dans les voix humaines même si sur un chant seul cela passera sans trop de souci.

Ici, la courbe de mesure des Huawei Freebuds 3, vous sentez la « très légère » différence ?

Les aigus sont correct, un peu mis en avant mais pas de manière trop acide.

On pourrait se dire que ce n’est là qu’une signature sonore comme une autre, à la limite, mais cela rend l’écoute systématiquement trop maigre, trop criarde, cela peu importe le style. Dommage, car le côté technique pur n’est pas non plus celui d’un simple clone. Ainsi, nous sommes là sur un True Wireless parfait pour un usage type podcast ou écoute très bas volume, regarder quelques vidéos de youtubers sur smartphone.

Xiaomi Air 2 capot

Mais bon… pour tout usage musical on peut parler de ratage, et ne venez pas me dire que l’exigence n’est pas la même quand le prix est si faible. Des écouteurs Chinois type KZ, certes filaire et intra, donnent un résultat à 100 000 lieux de celui-là pour 10 euros. Oui le format n’est pas le même, blablabla.

Ce tel manque de basses m’a tellement étonné qu’une seconde commande du modèle a été nécessaire, de peur d’être tombé sur une contrefaçon. En somme, un petit gâchis plus profond qu’une simple signature, le signe que Xiaomi, malgré sa stature, ne maîtrise pas du tout ce type d’écouteurs boutons.

Xiaomi Air 2 : conclusion

Un faux clone qui ne fait qu’un peu mieux qu’un clone. Si les Xiaomi Air 2 montrent le savoir-faire du constructeur sur certains points comme la connectivité, d’autres sont largement en retrait, autonomie et qualité sonore en tête. Des écouteurs corrects, mais absolument pas taillés pour la musique.

Xiaomi Air 2 : note

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