Gaming Test

Test Audeze Mobius

écrit par audio du village

Allez. Il est temps de le faire ce test. De long mois que je possède ce casque avec le syndrome de la page blanche. Non, pas de la page blanche, mais une sorte de blocage, un oubli permanent de le faire. Sans doute parce que je ne suis pas aussi rompu à l’exercice du casque Gaming qu’à celui des modèles standards. J’aimerais vous dire que la problématique est la même, que l’on teste un casque. Mais non. On ne teste déjà pas un casque hifi comme on teste un casque nomade ou un true wireless, alors un modèle gaming !

Alors oui, les marques appuient souvent sur ce point pour nous pondre des bouses gonflées aux basses atrophiées pour justifier l’achat d’un morceau de plastique avec micro intégré. Parfois le vice est poussé jusqu’à introduire une émulation 7.1 inutile. Oui mais comme dans chaque univers il existe des marques très sérieuses, avec leurs ratages mais aussi leurs grosses réussites. Du sans-fil performant aux émulations accrocheuses, au son s’approchant de celui detrès bons casques. Pas étonnant de voir des marques hifi comme Audio-Technica, Sennheiser ou Beyerdynamics s’être essayées à l’exercice. Pas étonnant de voir Audeze, constructeur au succès éclair élargir ses horizons. Du planaire, de la 3D, du gyroscopique, une pointe de Bluetooth, un très grand succès en vue ? Ah si tout était aussi évident.

Présentation

Je vous invite pour ce point à relire mon article à ce sujet sur le casque. Inutile de trop encombrer ce test. Parlons néanmoins des bases.

Marque créée en 2009, Audeze s’est spécialisé dès le début sur la technologie Planaire, ou orthodynamique, permettant l’utilisation de membranes de très grandes tailles, technologie imbattable sur le registre des basses lorsqu’elle est maîtrisée. Et à raison ! Je ne vois pas de concurrents dans ce domaine sur les meilleurs modèles. La plupart des haut de gamme gamer utilisent du bon 40mm ou du bon 50mm en drivers dynamique.

Entre des casques Hifi hors de prix pour l’utilisateur lambda, des modèles un peu plus abordables et parfois nomades, des intras fonctionnant en filaire, lightning et maintenant Bluetooth, la marque a ainsi dévoilé un modèle Gaming l’année dernière.

Ce Mobius fut ainsi présenté via une campagne Indiegogo en début d’année, davantage comme une prévente qu’autre chose, le modèle étant déjà pratiquement finalisé. Sa promesse était double :

  • Amener l’intouchable driver planaire dans l’univers gaming, qui allait comprendre ce que les « basses de qualité » voulait dire
  • Apporter une spatialisation 3D vraiment convaincante via l’utilisation de technologie Waves NX, intégrant une puce dédiée incorporant par exemple un gyroscope pour le suivi des mouvements de la tête.

Mais, une nouvelle techno et l’utilisation d’un tel driver avait forcément un prix, allant de 199$ pour les tous premières commandes (très peu de modèles) jusqu’à environ 259$ ou 269$. Dans mon cas, je fut dans un lot à 249$… cela sans compter la petit livraison bien dispendieuse vers la France, à savoir 30$, ce qui à cette époque fit à peu près 250 Euros avant douane. Un prix déjà très élevé pour un casque gaming, mais assez bas comparé à ce qui vous attend maintenant. La marque étant très peu implantée en France, les tarifs du Audeze Mobius sont proches d’une sorte d’importation sauvage.

Ainsi on le retrouve presque uniquement chez Thomann pour un prix de 444 Euros au moment du test, sans la housse de transport rigide qui me fut offerte en tant que gentil contributeur. Cette dernière vaut pas moins de 44 Euros sur le même site, un prix que je m’explique difficilement malgré sa bonne qualité.

Allez, avant de pleurer sur le prix, voyons au moins ce qu’il vaut.

Construction

Allez hop, dans le vif du sujet et premier point qui me déçoit un peu. En soit, l’essentiel de la fabrication est plutôt bonne, pas incroyable mais bonne. Des coques moulées dans un plastique assez massif avec revêtement façon caoutchouc plutôt agréable au toucher. un arceau classique mais visiblement solide et assez souple. En revanche, tout ce qui est points de pivots et de réglages ne transpire pas la qualité. Le modèle grince facilement en tournant les oreillettes, grince en écartant ses coques, grince du fait de finitions pas franchement normales au vu de son prix.

De même, le réglage de l’arceau n’est absolument pas fluide. S’appuyant sur une structure crantée, il demande de forcer un peu pour se déclencher, ce qui ne laisse presque pas de marge à un réglage précis. Il faut pour cela le tirer presque au maximum, puis ajuster en le poussant peu à peu. Vraiment pas normal pour un tel prix. Dommage car les câbles sont de bonne qualité, et toutes les parties non-mobiles de facture sérieuse. Manque de temps pour parfaire les finitions ou manque d’expérience ? Sans doute un mélange des deux.

Accessoires

Le casque à beau être gaming et potentiellement sans-fil, ce dernier point ne le caractérise que dans une optique nomade car il n’est que Bluetooth. Ainsi, pas de dongle ni même de base dédiée à brancher sur console ou PC, ce qui limite pas mal les accessoires potentiels.

On retrouve ainsi, en standard :

  • Un câble Jack 3,5mm des deux côtés, bien que ce mode de fonctionnement soit le dernier que je conseillerais
  • Un câble USB-C vers USB-A, pour un branchement sur PC. Ce mode est le principale et le seul vraiment utile pour une utilisation en jeu. Son driver et l’utilisation avec son application dédiée (on le voit un peu plus tard) permettent le meilleur traitement sonore et la possibilités de réglages
  • Un câble USB-C vers USB-C, pour une utilisation sur smartphone via mode OTG. Le casque utilise alors ses propres convertisseurs, à la manière de n’importe quel casque USB-C.
  • Micro flexible et détachable
  • Dans le cadre de la campagne Indiegogo uniquement : La présence au choix d’une housse ou d’un porte casque

Confort

Plutôt pas mal du tout ! Coussinets ovales à mémoire de forme, plutôt fins mais le casque serre relativement peu tout en tenant bien en place. Le poids est assez bien répartit sur l’arceau, et les 350 gr loin d’être négligeable sur le papier se font relativement peu sentir.

Soyons honnête, une tête de fragile comme la mienne (ou plutôt mes cervicales) ne vont pas jusqu’à passer une journée avec, mais il m’est arrivé de dépasser les 2 voire 3 heures sans ressentir de gène excessive. Autant dire que le Audeze Mobius est un très bon élève pour un modèle fermé. Il y a mieux, mais ce n’est pas là qu’il faut chercher les défauts.

Car pour moi il y a en un a un malgré tout : il n’est pas adapté aux petites têtes. Je suis dans la moyenne/moyenne basse, et je dépasse à peine les premiers crans de réglages. Parfait de la grosse tête à la tête un peu petite, mais pas en-dessous.

En revanche, si le casque tient plutôt bien en utilisation classique ou avec quelques mouvement de tête, l’usage en VR ne rend pas le port optimal, ne serrant justement pas assez.

Je déconseille de tout façon ce casque pour cet usage, en tout cas pour des vrai FPS, non pas qu’il ne soit pas adapté (il est au contraire parfaitement pensé pour ça, en grande partie grâce à son gryroscope), mais son poids de 350gr associé à un casque VR souvent assez lourd fait qu’il me parait très éprouvant pour les cervicales à long terme. Les gestes amples du cou que demandent cette technologie étant loin d’être anodins. Vous en faites ce que vous voulez, cette affirmation n’est pas à graver dans le marbre. Mais je pense que les problèmes potentiels amenés par le poids des équipements VR est un peu passé sous silence.

Ergonomie

Simple et complexe à la fois : toutes les commandes sont présentes sur la coque gauche. Il n’y a tout simplement aucun réglage ou aucun câble côté droit.

tableau du manuel d’utilisation montrant toutes les manip de réglages. Relativement, voire très bordélique.

Le programme de la gauche donc :

  • Bouton Marche/arrêt sur la face externe via une trèèèèèèèès longue pression (environ 3 secondes pour l’allumage et 5 pour l’extinction). Ce bouton sert également pour déclencher le mode « Découvrable » pour le premier appairage, il assure également la fonction lecture/pause et la prise d’appel en Bluetooth. Sur cette face on retrouve également interrupteur Mute/On du microphone.
  • La molette de réglage du volume sonore. Laquelle est cliquable et permet de passer les pistes au besoin via une petite manipulation pas franchement au point. Elle peut également, via un double clic, de changer de source Bluetooth. Le modèle n’est pas multipoint, ce qui peut être utile.
  • La molette de réglage du volume du microphone, une petite option bienvenue en jeu. Cette même molette permet également de changer le mode d’émulation sonore : 2.0, 7.1 ou Hi-Res en utilisaton filaire USB. Elle permet également, via un clic et défilement, de changer l’égaliseur.
  • Le port Jack 3,5mm
  • Le port Usb-C, permettant d’être brancher à un PC ou un smartphones et/ou rechargé
  • La prise micro, avec entrée jack mais encoche avec détrompeur
  • Le bouton de sélection du mode 3D (via pression prolongée), permettant de choisir entre le mode manuel, le mode automatique, et la désactivation du mode 3D. Enfin, une simple pression permet de calibrer le casque dans la position actuelle, et un double clic change la source (bluetooth, usb, filaire)

Connectivité

Le modèle possède 3 modes, tous faisant uniquement fonctionner le casque en actif. Qu’est ce que cela veut dire ? Tout simplement que ce modèle, notamment du fait de ses driver planaires très énergivores, aurait difficilement pu être alimenté via une sortie jack standard (il aurait fallu un amplificateur un peu pêchu). La marque préféré ne pas tenter le diable, et a donc fait tout reposer sur un mode Actif, lequel utilise son propre traitement de signal et son ampli intégré.

En premier lieu on retrouve le mode USB. Celui-ci est le seul à vraiment conseiller pour jouer, car prenant en compte l’audio dans son ensemble, permettant de comprendre bien plus précisément la localisation des sons sans seulement s’appuyer sur une source stéréo. Reste que la marque ne communique pas plus que ça sur le traitement sonore. Pour cela, il faut se tourner vers les spécificités de la puce Waves NX et des technologie de la marque, notamment ses solutions software.

Ainsi, on sent que certains jeux sont largement mieux pensés pour un son dit « Ambisonique », ayant bien pris en compte la notion de représentation 3D. Sans surprise, les jeux VR vont s’en tirer particulièrement bien.

Gros bémol en revanche, et je ne sais pas si cela peut évoluer : le casque ne prend en compte que l’environnement PC via l’USB. Ainsi, aucun driver pour la PS4, la Xbox One ou la Nintendo Switch. Ce point est d’autant plus dommage que son tarif est franchement élevé. Un Master prix pour la Master Race donc.

Second mode : le filaire Jack. Si ce mode est le plus basique, il est le seul permettant une utilisation sur console, dans un compromis pas franchement fou, en tout cas pas qualitatif, mais au moins un peu immersif. Il faut pour cela passer par un branchement sur la manette (pour PS4 ou sur la manette Xbox One Elite) ou sur la sortie Jack de la Switch, en hésitant pas à pousser le potard de cette dernière (sortie un peu faiblarde). Il reste supérieur en qualité pure au Bluetooth, n’ayant pas à subir, en plus, la perte lié à la détérioration et l’interprétation du signal.

Enfin, et nous le détaillons juste en-dessous : le mode Bluetooth. Celui-ci est quasi-exclusivement dédié à l’usage multimédia standard, musique et vidéo.

Bluetooth

Le modèle dispose d’une puce 4.2 dont l’origine n’est pas précisé, mais nous savons déjà qu’il ne s’agit pas d’une Qualcomm puisque les codecs intégrés sont :

  • Le SBC : codec standardisé et obligatoire du Bluetooth
  • Le AAC : codec standardisé mais non oblligatoire, plutôt pratique pour les utilisateurs Apple car permettant une latence réduite et une qualité très acceptable
  • Le LDAC : Codec Sony proposant le plus haut bitrate potentiel pour le moment (990Kb/s) avec une notion adaptative permettant de réduire à 660Kb/s ou 330Kb/s au besoin.

Je ne parlerai pas vraiment de la latence, celle-ci restant sur un modèle standard. N’utilisant pas le codec AptX Low Latency ou AptX Adaptive, il n’est pas adapté au jeu, le décalage étant suffisamment significatif pour être perturbant, même en utilisant l’AAC ou le LDAC.

Autonomie

Le modèle étant Bluetooth, et surtout ne fonctionnant qu’en actif du fait de ses drivers, il sollicite en permanence l’usage d’une batterie.

Ainsi, encore une fois du fait de drivers très énergivores, l’autonomie reste assez faible mais honnête.

  • Environ 8-9 heures (suivant le codec) en mode Bluetooth avec 3D allumée.
  • En filaire et 3D désactivée, il est possible de dépasser les 12 heures sans trop de soucis.

Isolation

La notion d’isolation pour un casque Gaming est toujours délicate, car elle n’est pas forcément importante pour un joueur. Certains vont privilégier un modèle fermé et très isolant pour véritablement se couper du monde, d’autres comme moi préfèrent une approche ouverte ou semi-ouverte pour avoir une sorte de retour sur la voix et une meilleure aération du son. C’est un style.

On peut voir dans les grandes lignes le réseau d’aimants caractéristique des planaires (lignes)

Là, nous sommes plutôt dans la deuxième option. Le modèle est fermé, mais l’isolation est très moyenne. En gros, elle commence dans les 1 Khz à vue de pif, et augmente progressivement. Mis à part les aigus, vous n’aurez clairement pas l’impression d’être dans une petite bulle. Ce manque s’explique la fois par le serrage peu important du casque, mais également des coussinets à la mousse peu dense. A oublier si vous vouliez le sommet de l’isolation.

Application/fonctionnement

Côté application dédiée et fonctionnement, nous sommes dans un bon petit exemple de dualité lié à une chose : la simplicité.

Le casque est en effet ce qu’on pourrait appeler Plug And Play. Une fois sorti de la boite puis branché en USB, tout fonctionne immédiatement, cela sans application. Lancez un jeu et vous pouvez déjà profiter de l’expérience. Un petit coup par le bouton 3D pour recentrer l’écoute ou désactiver ce mode, c’est tout. C’est une des forces du casque, qui ne demandera aucune connaissance en bidouille. Le casque est reconnu comme un périphérique de lecture audio, et son micro comme un périphérique d’enregistrement.

A partir de là, il est possible de régler le son du modèle ou le son du micro via les deux molettes de réglages du côté gauche.

Ça, c’est pour la base, mais il est possible d’aller un peu plus loin (enfin c’est une façon de voir) en installant l’application Audeze HQ. Cette dernière permet de mettre à jour le Firmware du casque. Et… pratiquement rien d’autre que le casque seul ne pourrait pas faire à vrai dire, si ce n’est un calibrage de base et le réglage de l’émulation d’un espace sonore (je vois ça plus bas).

Le calibrage est assez simple et s’appuie sur 2 mesures :

  • Le tour de tête
  • La distance entre les 2 oreilles

Cela permet une meilleure précision dans l’émulation d’un espace sonore, même si les paramètres de base permettent un rendu déjà satisfaisant.

On retrouve 4 onglets dans l’application :

  • Le premier, principal, montre l’orientation de la tête si le casque est branché, plutôt amusant mais surtout pratique pour recalibrer la position de base. A gauche on retrouve les options de réglages précisées un peu plus haut, à savoir les mesures ainsi que l’option d’émulation d’une pièce. Cette dernière fonctionne via un cran, et permet en gros d’augmenter l’impression d’espace sonore. Enfin, on retrouve à droite, quel que soit l’onglet, les informations sur le casque : Si celui-ci est bien branché, allumé, son mode 3D ainsi que son niveau de batterie. Pas possible d’éteindre ou de changer le mode depuis ce panneau, il n’est qu’informatif.
  • Le second met en avant différents égaliseurs, ou profiles sonores, s’adaptant plus ou moins à certaines situations : Par défaut, neutre, bruit de pas, balistique, musique, course, RPG, chaud (un bass boost). Ceux-ci sont sélectionnables dans l’onglet, mais également via le casque
  • Le troisième est presque inutile, car ne fait que donner la version du Logiciel Audeze HQ et un petit schéma sur fond publicitaire que je ne m’explique pas.
  • Enfin, l’onglet firmware, permettant une mise à jour du casque en chargeant un fichier image. Oui, rien n’est automatique pour le moment, et c’est également le cas pour le logiciel en lui-même.

Bref, je vais pas vous le cacher, cette application n’est vraiment pas intéressante pour le moment. Elle est extrêmement simple, ce qui est un début, mais incroyablement limitée, ne servant véritablement qu’à mettre le casque à jour et vérifier quelques paramètres. Aucune personnalisation possible pour le moment, alors qu’un égaliseur paramétrable me paraîtrait un minimum. On sent que Audeze est un débutant en interface utilisateur, mais la marque promet d’étoffer les possibilités rapidement.

Utilisation en jeu / Qualité sonore

Il faut bien séparer l’utilisation en musique et l’utilisation en jeu. Car si le modèle prend beaucoup d’avantages des planaires classiques, il prend également des défauts récurrents. Je parlerais donc du son en général, de manière assez succincte avant de me concentrer sur le jeu.

Prenons le son, de base, sans mettre en avant le mode 3D.

Qualité sonore de base

Défaut habituel de l’essentiel des planaires, surtout fermés : un espace sonore extrêmement étriqué, loin de que pourrait faire un modèle dynamique ouvert ou semi-ouvert, même gaming. Il faut le savoir si vous compter l’utiliser en mode simple, le son ne se projette presque pas mais reste bien près de la tête.

Côté signature sonore, c’est également du planaire, à savoir une impression de basses finalement pas si élevée, mais très linéaire dans le comportement et descendant très bas, cela sans aucun effort. Difficile de lui trouver un équivalent dans les dynamiques classiques en gaming. Tous ou presque vont garder un tel niveau en partant de pics bien plus marqués dans les bas-médiums, puis tentant de garder un niveau acceptable dans le bas du spectre. Ici aucun problème, à aucun moment.

Mais, cela passe aussi par cette absence de pic justement, le casque semble ainsi manquer un peu d’énergie, de patate, à défaut de manquer d’impact et d’amplitude. C’est un peu le revers de sa signature audiophile.

Sur les médiums rien à dire, c’est extrêmement propre, parfaitement adapté aux voix. Quelques petites traces de distorsion en revanche, surtout à haut volume.

Le tableau se gâte un peu avec les aigus, qui ne sont pas le point fort des planaires en général. Les Audeze choisissent généralement de ne pas trop insister, et la signature donne des aigus en retrait sans non plus s’effondrer.

Ici, la marque choisit de contrebalancer un début évident de perte autour des 4-6Khz par un pic clairement forcé autour des 8-10Khz. Ce choix est assez logique vu l’orientation gaming, mais donne au casque un sonorité un peu artificielle dans ce registre. Rien de vraiment mauvais, mais les sibilances peuvent vite apparaître, et l’impression d’équilibre sonore est moyenne. La tenue dans les aigus n’est pas mauvaise en soit, mais on sent que le driver est fait pour les basses avant tout.

Surface réelle de la menbrane par rapport au driver entier. Une taille très éloigné des modèle hifi de la marque, mais tout de même impressionnante pour un casque gamer

De ce côté, même avec les égaliseurs qui vont un peu régler le problème il est vrai, ce casque reste fait pour des pistes simples, ayant clairement du mal à gérer trop de détails à la fois, la faute aux aigus. Beaucoup de casques Gaming lui envierait sa qualité sonore, mais difficile de le voir comme une équivalence à des modèles Hifi vu son tarif de 400-450 Euros. Il fait ainsi un bon casque d’appoint en nomade, vraiment excellent pour les styles pêchus et simples.

Bruit de fond

Un petit apparté qui me parait important, même si relatif. Le modèle va constamment délivrer un petit bruit blanc en fond, sans doute venant du circuit d’amplification pas totalement maîtrisé. On peut le distinguer, en tendant l’oreille, dans les modes USB ou Bluetooth, mais il est pour ainsi dire négligeable, en tous cas suffisamment faible pour ne pas altérer l’expérience.

En revanche, son niveau est déjà bien plus élevé en filaire jack. Rien qui ne va recouvrir le signal lors d’une musique, mais un petit instant très calme, une petite inflexion, et celui-ci ressort de manière relativement importante.

Les premiers modèles de Mobius, ramenés et corrigés par la marque, souffrait d’un problème général, dans tous les modes donc, ce qui a engendré du retard. Pas forcément dramatique, surtout que le filaire ne sera pas l’option la plus utilisée, mais c’est un peu dommage malgré tout.

Les différents modes

Passée cette signature sonore et ses quelques spécificités, un des gros points mis en avant reste la spatialisation. Celle-ci s’articule autour de 2 axes : L’émulation multicanal d’un côté, et le mode 3D de l’autre.

Il est un peu difficile d’expliquer la séparation des 2, mais disons que le premier va permettre de simuler une approche multicanal comme le ferait un casque classique, alors que la seconde va vraiment mettre en place l’émulation d’un espace sonore. Il est ainsi possible, par exemple, d’avoir une émulation d’un son 3D, d’un univers très ample, en ne prenant comme base qu’une reproduction 2.0 des canaux.

Cette émulation 3D permet à la fois un tracking des mouvements de tête et la virtualisation d’un espace sonore plus ou moins ample (à définir dans l’appli), ce dernier se présentant comme un écho plus ou moins marqué, en plus complexe mais cela reste l’idée principale. Cette sorte d’écho parait très simpliste dit comme ça, mais son rendu est étonnamment bon, très convaincant quand on ne le surdose pas.

Le tracking se sert du gyroscope pour repérer les mouvements de la tête et adapter l’impression de placement du son. On définit la position de base en regardant bien droit l’écran, ou un point précis en VR. En tournant la tête à gauche le son retrouve comme projeté vers la droite, et ainsi de suite.

Ce tracking est amusant mais un peu gadget hors VR, et son association (obligatoire) avec l’émulation d’espace fait que ce mode 3D en général est obligatoire ou presque pour une immersion max. On retrouve 3 Types de réglages du mode :

Manuel

On calibre et c’est tout, le casque ne compense pas ou ne calcule pas un nouveau point d’origine tout seul. Le mode recommandé pour le jeu.

Automatique

Une option étrange, pensée pour une utilisation en nomade. Car si le rendu 3D en assez intéressant pour l’audio, permettant de sortir de la sonorité assez étriquée du modèle, le fait d’avoir un point d’origine fixé sur la même direction fait que le son change constamment de direction (et donc inutilisable) en marchant dans la rue par exemple.

Ce mode est censé recalibrer en permanence le point d’origine avec la direction du casque. Cela marche en… semi statique, mais le problème reste le même rien qu’en tournant la tête : le son part d’un coup à gauche ou à droite et met une ou deux seconde à se remettre droit. Bref, presque inutilisable aussi. Je ne comprend d’autant pas ce mode que le côté gyroscopique est justement idiot en l’occurrence alors que seul l’émulation d’espace sonore d’un espace était utile. A moins d’être en transport en commun, pas trop mobile, le mode automatique est vraiment compliqué à utiliser voire pénible.

Le bouton 3D servant au centrage et au réglage du mode.

Désactivé

Au moins le principe est clair. Désactivation du gyroscope et de l’émulation d’espace sonore.

C’est ce mode qui correspondra au modèle HyperX Cloud Orbit, lequel aura tout du Mobius excepté son gyroscope. J’imagine que l’émulation d’espace sonore sera encore là, mais il faudra voir au moment de la sortie. Le HyperX Cloud Orbit sera lui l’exact même modèle, mais apparemment réglé avec plus de basses par défaut.

En plus de cela on retrouve 3 modes sonores pour la virtualisation des canaux, sélectionnables via un clic de molette sonore, puis défilement (oui… l’ergonomie).

Ces modes ne sont pas en dehors des réglages 3D du son, mais à associer avec. L’exemple optimal en jeu étant : 3D manuel + Mode 7.1.

Important : ces réglages de modes n’existent qu’en mode USB. Le filaire et le Bluetooth reste implicitement en mode stéréo standard, ou apparemment en Haute résolution via le codec LDAC (mais je n’ai pas trouvé comment le vérifier). Pas étonnant de conseiller presque uniquement le mode USB.

Mode 7.1

Le mode de prédilection pour une meilleure expérience. Le son utilise un maximum de points de référence pour donner une sensation d’enveloppement.

Mode 2.0

Partant d’un mode stéréo classique. La spatialisation est déjà large dans ce mode, mais effectivement la localisation des sons, l’impression de multiplicités des différentes sources n’est pas aussi grande. En 7.1 tout parait sortir d’en haut, d’en bas, avec plus de précision. Ce mode peut être un peu plus reposant, ou simplement plus adapté à quelques jeux où une sonorité large est nécessaire sans pour autant être aussi enveloppante.

La molette volume micro, permettant également de changer le mode d’émulation

Mode haute-résolution

Ce dernier mode est un stéréo simple, mais censé améliorer la qualité sonore par un traitement maison, à la manière d’un upscaling. Toujours accessible en USB ou filaire, il ne l’est qu’en passant par le Codec LDAC den Bluetooth, sans doute pour une problématique de pertes dans le signal de base.

Reste que ce mode n’est pas vraiment utile en jeu, et assez limité en musique dans la pratique.

En outre, si le mode fonctionne comme un simple stéréo, il désactive automatiquement la fonction 3D. Son utilisation n’est donc pas pensée pour le jeu.

Utilisation en Jeu

Il y a beaucoup de bon avec ce casque, qui montre que s’il n’est pas le plus à l’aise avec des pistes chargées, il est en revanche largement fait pour une approche en jeu. La spatialisation garde cette impression de proximité que le driver planaire ne peut définitivement pas camoufler, mais.

En dehors de cette limite d’amplitude, la spatialisation est assez étonnante et, à défaut d’être la plus large, est extrêmement cohérente, ne donne pas l’impression d’être gonflée. Seul quelques casques réussissent dans cet exercice, et le Mobius est l’un d’ente eux, peut-être bien celui allant le plus loin, la qualité de la techno Waves se faisant Largement ressentir.

Mais c’est avant tout dans la reproduction des basses qu’il tire son épingle du jeu. Une bonne explosion, un vrombissement ? Il descend très bas, sans aucun problème, recouvrant absolument tout sans saturer. Il n’y a pas de débat, il fait mieux que tous les autres casque du marché à ce niveau.

En revanche, j’ai trouvé que le système gyroscopique avait ses limites. Dans une utilisation VR celui-ci est parfaitement normal, mais bien calé devant un PC ? Je ne tourne pas la tête à droite à gauche alors que je suis en face de l’écran. Il y a un certain effet wahou, mais rien de décisif ou… de vraiment utile en fait.

Le son 3D, et surtout l’émulation du 7.1 est relativement utile pour localiser un son. Une option qui peut avoir son avantage dans des jeux type Battle Royale (je pense surtout à PUBG), où cela m’a permis d’identifier l’origine de certains bruits, là où mon casque de jeu habituel qu’est le Grado GR80e (qui n’est pas du tout un casque de jeu à la base) ne pouvait que vaguement les situer. Associée à une précision des basses permettant de bien faire ressortir quelques micro-détails, cette émulation et ce son 3D pourrait trouver leur cible dans ce type de joueur. En dehors de ça, le casque s’adresse à ceux voulant combiner toutes les dernières avancée en matière d’immersion sonore. Et oui ! Le principe fonctionne.

Est-ce assez pour dire que je suis satisfait ? Et bien pas tout à fait justement. Bien sûr ce casque est impressionnant à plusieurs égards, bien sûr les basses sont vraiment fabuleuses quand on les titille, mais le casque ne perd jamais son approche purement planaire étrange, présentant un son potentiellement large par le jeu du hardware et des algorithmes, mais n’allant pas au point de faire oublier son manque d’ampleur au naturel. Pour ce prix, il est possible de partir sur un modèle hifi, ouvert ou fermé, pour un résultat plus détaillé et soigné, plus passe-partout. Le principe d’émulation des canaux, d’impression d’espace sonore est une chose très bien mise en place, mais est-ce à ce point réussit qu’on lui pardonne le reste ?

En fait, le Audeze Mobius se laverait les mains avec cet argument s’il n’était pas aussi cher. Car si je considère son prix comme relativement logique, du fait de sa techno embarquée assez nouvelle et de l’utilisation jamais vue d’un driver Orthodynamique, il dépasse tout ce qui existe côté tarif Gamer. Penser donc : plus ou moins le prix d’une XboxOne X. Qui est prêt à mettre ce tarif pour un casque qui n’est véritablement meilleur que les autres que dans les basses, qui propose une techno nouvelle et convaincante mais encore très limitée ? Je ne suis sans doute pas dedans moi-même.

Micro

Très bon point pour un micro intégré. Le modèle reproduit de manière étonnamment large le spectre et sature assez peu. Rien de comparable à un vrai bon micro de bureau, mais parfaitement suffisant pour son usage. Une vrai bonne réussite.

micro flexible d’apparence standard, mais très bon

Pour qui ?

Je dois dire que je suis un peu désemparé pour véritablement lui trouver sa cible. Disons que si les basses passent avant tout… ce casque est clairement tout en haut de la liste. Aucun modèle Gaming ne l’approche en qualité de ce côté. Le modèle donne un rendu très ample et incroyablement maîtrisé dans ce registre. Là où des modèles saturent déjà plein pot, il baille doucement en se demandant qui vient le chatouiller.

A la limite je compterai aussi l’audiophile, surtout fan de Audeze, qui pourra se reconnaître dans cette signature assez maîtrisée et sans trop d’emphase pour un casque gaming. L’audiophile qui recherche une solution Gaming et nomade de bonne qualité dans un bon tout-en-un.

Pour le reste, nous sommes dans un modèle clairement trop cher pour la cible gamer habituelle, même celle intéressée par un très bon son, et malgré les options de spatialisation très convaincantes du casque. Le Audeze Mobius se limite obligatoirement ou presque aux joueurs PC/MAC, ce qui l’handicape face à des produits multisupport intégrant même le sans-fil (analogique) sans perte de qualité. Le Mobius est un casque à part, pour une cible clairement à part, acceptant les gros compromis qu’il demande. Pas en dehors de la cible gaming, mais dans une frange très réduite.

Il y a fort à parier que le futur HyperX Cloud Orbit et le Cloud Orbit S, qui taperont dans les 300 et 330, trouveront déjà mieux leur public. D’une part en reprenant absolument toute l’architecture du Mobius en un peu plus basseux (et donc grand public), d’autre part en ayant essuyé les premières imperfections (finitions et logiciel plus avancé), et pour finir en utilisant sa notoriété bien supérieure. Audeze, pour un gamer, reste un nom qui résonne dans le vide.
Mais le point clé sera pour moi l’intégration des drivers PS4 et Xbox One X. Cela demandera un très long câble USB, mais ce sera le prix à payer pour s’ouvrir ces marché.

Conclusion

Difficile de ne pas voir le Audeze comme un premier essai, un premier essai pour une niche qui s’accommodera de ses compromis. Limité au PC, uniquement filaire USB pour en profiter pleinement, il place tout dans la qualité proprement infernale de ses basses et dans sa proposition de son 3D très poussée. Extrêmement convaincant sur son propre terrain, il reste vraiment très cher par rapport à la concurrence. Mais, c’est ce genre de casque qui fera bouger les lignes d’un secteur ayant besoin d’être bousculé.

Note : 4 Master race

PS : vu l’ampleur du test et les très nombreuses options, il y aura peut-être des mises à jour pour ajouter quelques point précis.

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