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Appairage rapide Airpods : comment ça marche ? (version courte)

écrit par audio du village

On me demande souvent (enfin parfois, mais j’aime faire croire que je pèse) par quelle magie l’appairage rapide des Airpods fonctionne. Bah oui quoi, d’habitude il fallait appuyer sur un bouton pour faire clignoter une diode, aller dans le menu Bluetooth, et espérer que le modèle se synchronise. Une fois cette étape passée aucun problème… dans les limites d’une connexion sans-fil. Mais comment cette technologie pourtant pas nouvelle fait pour ce nouveau mode de reconnaissance ? Je vais vous faire ça très vite, une version longue sera peut-être pour plus tard.

Ah les Airpods, cette marque de réussite sociale, entre anti Apple et « Tu critiques mais tu veux trop les avoir en fait »

Pour commencer, il n’y a pas de rapport entre cet appairage rapide et le Bluetooth 5. Celui-ci ne définit pas son principe en tout cas. A la limite, mais cela est assez théorique, cela peut accélérer la vitesse du procédé.

Rappelons 4 choses sur le Bluetooth depuis la version 4.0

  • Il y a 2 types de Bluetooth : Classic (ou BR/EDR) et Low Energy. L’un et l’autre ne peuvent se connecter entre eux.
  • Un casque audio ne peut se connecter qu’en Classic pour la partie Audio. Et son premier appairage ne se fait également que dans ce mode
  • Ce qui n’est pas lié à la partie purement audio, comme la connexion à une application, se fait via le bluetooth Low Energy
  • Ces deux bluetooth sont indépendants mais peuvent être intégrés au sein d’une même puce, appelée dual-mode, fonctionnant comme une sorte de double cœur. Les deux parties peuvent se parler au sein de cette même puce.

Appairage en classic

L’appairage, c’est à dire la reconnaissance des écouteur et leur première connexion passe par le Bluetooth Classic (même si on peut utiliser le Low Energy pour cette étape, ce qui ne change rien côté utilisateur). De fait il suit donc ses codes un peu vieillot. Ceux-ci obligent le casque, avant de pouvoir échanger avec un smartphones, de passer dans un mode dit de reconnaissance (discoverable mode). Dans ce mode, le casque peut être « approché » par d’autres device, il peut se préparer à un appairage. Cela ne veut pas dire qu’il peut échanger des données comme des fichiers audio, mais peut discuter, donner des information sur lui et en recevoir. Le mode Discoverable est une sorte d’oreille tendue, le modèle n’est plus totalement hermétique à ce qu’il ne connait pas. Ce mode est limité dans le temps pour ne pas rester trop longtemps « vulnérable ».

Une fois l’appairage confirmé côté smartphone, le pont entre les 2 est fait et dans chacun des produits est associée une clé unique relative au second produit, permettant ainsi de le reconnaître automatiquement pour la suite. Il y a plusieurs étapes dans cet appairage, invisibles pour les utilisateurs et nécessitant un degré de sécurité, mais je ne reviendrai dessus que dans une version longue.

Appairage rapide Airpods

Je mets appairage rapide airpods, mais cela est également valable sur des modèles Android. Le principe est un peu moins connu car moins mis en avant et plutôt rare sur les casques. Nous avons également, côté propriétaire également, le même principe avec les True Wireless Samsung et les smartphones de la même marque. Tous ces modes sont un peu différents dans leur mise en place, mais se basent sur un principe commun.

Le bose QC35ii, un modèle pouvant utiliser le Fast Pair de Google, équivalent de l’appairage Apple, même si cette fonction est peu connue

Pour se faire, l’appairage rapide va passer par un autre principe : bien que la connexion à un profil audio ne passe que par un pont en Bluetooth Classic, le premier appairage peut passer par n’importe lequel des 2 Bluetooth.

En s’appairant en Bluetooth Classic, la partie BT classic de la puce peut transmettre les infos sur le produit à la partie Low Energy, qui n’aura de son côté pas besoin de passer également par ce processus de premier appairage. Le principe fonctionne également dans l’autre sens.

Ainsi, une fois qu’un pont a été crée, il n’y aura plus besoin de refaire un premier appairage. Sans que cela ne se voit pour l’utilisateur, un casque audio peut ainsi se connecter via les composantes Low Energy, lesquels vont transmettre les infos à la partie Classic.

Jusque là rien d’incroyable, un produit Low Energy peut se connecter via un mode découverte tout comme un produit Classic peut le faire. Une montre connectée, par exemple, est un des produits n’ayant que du Bluetooth Low Energy et se connectant de manière classique. Il est même fréquent pour un casque moderne, utilisant une appli, d’être connecté à la fois en Classic (pour l’audio) et en Low Energy (pour tout ce qui concerne son application ou son appel aux assistants).

Mais le Low Energy a un atout dans sa manche : l’Advertising. Ce terme Anglais difficilement traduisible tel quel désigne un type de données pouvant s’échanger hors connexion. On pourrait le traduire par « information » ou « balise », voire un littéral « publicité » dans certains cas.

C’est quoi les possibilités de l’advertising ? C’est ça notamment, prendre des infos et vous envoyer plus facilement des choses, bien que la technologie utilisée ici ne soit pas nécessairement du Bluetooth

Un exemple simple : Vous entrez dans un magasin avec un présentoir pour une boisson énergisante. Et là paf, vous recevez une notification pour un coupon de réduction. Comment est-ce possible ? L’Advertising. Placé suffisamment près de ce présentoir intégrant une « balise », votre smartphone a échangé certaines informations avec elle. Rien de vital, rien de profond, mais quelques infos préliminaires, et vice versa : la balise lui dit typiquement « coucou, je m’appelle machine, j’ai ça à te proposer, tu veux bien le recevoir s’il te plait ? ». Je synthétise mais c’est un peu le principe. On peut alors imaginer toutes les dérives possibles en matières de pubs envahissantes, mais ce n’est pas le but dans cet article.

Et bien dites vous qu’un casque, via sa composante Low Energy, peut faire la même chose que cette balise avec votre smartphone. Ainsi, Les Airpods ouverts (oui car fermés ils sont éteints/en veille), placés à une distance suffisamment proche pour que le smartphone considère qu’il doit « s’intéresser » au produit déclenche cette discussion. Placé près d’un Smartphone Android, ce dernier ne verrait qu’un produit – peut être le voit-il comme un casque d’ailleurs – sans savoir quoi en faire. La connaissance de ce que peut être ce produit n’est pas suffisante pour créer un lien de confiance, pas suffisante pour aller plus loin qu’un simple « oui je t’ai vu ».

C’est quoi ce truc à côté de moi ? Ah oui je connais, c’est un Airpods, je le reconnais à sa puce et sa signature

En revanche, un appareil iOS a été conditionné à reconnaître les Airpods. Il ne connait pas ces airpods en particulier, mais c’est que ce sont des airpods. Pour lui sa signature est digne de confiance, il peut se servir de ces données d’Advertising pour enclencher lui même le processus d’appairage. Par sécurité (en plus de celle de devoir être assez proche), il demande une simple confirmation côté smartphone. Une fois cette confirmation validée, le pont est fait et les différentes clés stockées à la fois côté Airpods et côté iPhone/iPad. A partir de là, tout est fait comme pour un appairage normal : Vous les sortez de la boite comme vous allumeriez un casque, il est connu et accepté par le smartphone et vice-versa, à moi les joies de la musique compressée. Et oui, c’est ça l’appairage rapide Airpods.

La tragédie du Bluetooth 5

Les données d’Advertising, jusqu’en version 4.2, étaient grandement limitées à des paquets de 32 octets, et utilisées sur 3 canaux dédiés (sachant que le Bluetooth LE en compte 40). Le version 5, du moins en théorie, permet de passer à 255 octets en gardant les 3 canaux principaux mais en débloquant les 37 autres sous la forme de canaux secondaires. Ces fameux 255 octets contre 32 sont les fameux « 8 fois plus » de données que vous avez surement vu utilisés à tord et à travers.

Néanmoins, bien qu’en théorie cette avancée est ce je considère comme la plus importante entre le Bluetooth 4.2 et le Bluetooth 5, elle n’est pas systématiquement mise en place dans les puces, en tout cas pas activés dans le smartphone. J’avoue ne pas savoir si les smartphones sous iOS l’ont bien intégré. En théorie, cela permettrait un appairage plus rapide avec les Airpods 2 (puce BT 5), les infos étant plus vite échangés. En pratique, il n’est pas dit que le gain soit mesurable, ni même que cet Advertising Extension existe dans les appareils iOS.

L’équivalent Android, le Fast Pair. Une feature qu’on aimerais retrouver sur tous les casques

Voila, je n’irais pas plus loin ici. Cette version est extrêmement condensée, la version complète me prendra malheureusement un temps un peu trop important pour la sortir dans l’immédiat (disons que nous serons plutôt à 5000 ou 6000 mots).

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audio du village

1 commentaire

  • […] L’appairage rapide pour commencer, lequel parait vraiment instantané alors que les premiers avaient une très légère latence. Le gain ne se fait qu’une unique fois par produit connecté, c’est pourquoi cela reste du détails. Soyons pas bégueule, on peut saluer le progrès venant probablement d’une meilleure gestion de la puce. Il est également possible, mais cela reste de la supposition, que cette vitesse d’appairage rapide soit améliorée grâce au Bluetooth 5. Et oui, il y a un cas où cela peut malgré tout avoir eu son importance, mais rien de confirmé : celui de l’advertising extension. Je vous renvoie vers mon article récent au sujet de l’appairage rapide. […]

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