La disparition de la prise Jack est inévitable… ou presque, nous le verrons ici. Mais est-elle pour autant obsolète comme toutes les marques, Apple en tête, nous le sermonnent à chaque itération ? Dépassée, prenant trop de place, un bluetooth enfin mature et la rendant caduque ? Voyons cela.
Prise Jack, l’histoire simple
Cela se sent, la prise jack n’est pas récente. Son approche apparaît d’une telle simplicité qu’elle est une des dernières prises qu’il est possible de décrire sans risquer de perdre son auditoire. Le Jack dit « Male » se présente en 2, 3 ou 4 parties, chacune métallique et chacune séparée par un anneau isolant. Chacune de ses parties a son équivalent dans la prise dite « femelle », celle présente sur les smartphones en l’occurrence.
Topologie
Ces différentes parties correspondent, utilisées en audio, chacune à une partie du signal. Un jack 3 connecteurs (3 partie métalliques) correspond ainsi à un connecteur stéréo : la partie la plus proche du câble correspond à la masse (et cela peu importe si ce câble est 2, 3 ou 4 connecteurs), les 2ème et 3ème partie étant respectivement le signal de l’écouteur gauche et le signal de l’écouteur droit. Il y a de rares exceptions, un 3-connecteurs peut dans ces cas être un mono dont l’un des deux connecteurs restant sert à envoyer un signal déclencheur, placer un signal d’alimentation, ou être le point froid d’un signal symétrique (on verra cela un peu plus tard). La prise jack restant une connexion électrique, ses possibilités ne se limitent pas à l’audio, bien que ce soit son usage le plus fréquent.
(Version de la prise Jack utilisé fin 19ème)
Un jack 2 connecteurs correspond ainsi à un signal mono (certains vieux casques ou les guitares électriques par exemple), avec une partie correspondant à la masse et la seconde au signal audio.
(prise jack 4 connecteur, représentants de gauche à droite : canal gauche, droit, télécommande/micro, masse)
Le jack 4 connecteurs est un peu à part. Ce 4ème connecteur, situé entre le connecteur masse et celui des signaux audio s’applique à énormément de fonctions possibles : micro/télécommande, signal vidéo analogique ou autre.
(Un des brevets déposé pour ce que l’on appelait encore le telephone Plug)
Voila pour le principe, les connecteurs sont chacun soudés à leur fil respectif, et poum jusqu’au casque.
Historique
Cette prise tire son origine de la téléphonie, des premiers standards d’appel pour être exact (la fameuse standardiste branchant des câbles) son invention remonte ainsi à…. 1877. Ne cherchez pas, il n’y pas de connecteurs électrique plus ancien. Pas immédiatement utilisé sur les casques audio, technologie naissante qui n’apparaîtra véritablement qu’au début du 20ème siècle, la prise jack s’intègre peu à peu sur les casques de télécommunication, téléphone et TSF, se battant un temps contre une double prise type banane plus simple encore (mais demandant 2 câbles par casque) et plus répandue.
(Standard téléphonique typique avant l’automatisation du processus)
La techno prise jack ne prend véritablement son envol dans l’audio qu’à la fin des années 30 avec les premiers vrais casques d’écoute de type électrodynamique, technologie utilisée dans presque tous les casques à l’heure actuelle. Le premier casque officiel (mais difficile d’en être totalement sur) de ce type est le DT48 de la marque Beyerdynamics.
(DT48 de Beyerdynamics, 1937, premier modèle moderne de casque)
D’évolutions timides en évolutions timides apparaît en 58 le SP/3 de Koss, premier modèle stéréo. La prise jack a déjà 80 ans et pourtant, si simple soit-elle, la qualité très moyenne des casques est alors largement surpassée par ce que peut proposer ses 3 pauvres.
(Koss SP/3 de 1958, premier modèle stéréo)
Enfin, le Jack 3,5mm, modèle concerné par la disparition, apparaît avec les premières petites radio Sony à transistors début 60. Walkman, puis mp3, minidisc, Smartphones, et l’essentiel des devices concernés par une reproduction audio nomade et, parfois, de salon. Mais le salon, d’une manière générale, à travers les amplificateurs casque, reste majoritairement lié à la prise 6,35mm, bien plus robuste dans le temps.
Obsolète ?
Bien bien. Commençons par la définition de l’obsolescence. Appliquée en technologie comme ailleurs, celle-ci désigne un produit ou une technologie dépassée, qui ne convient plus aux besoins. En d’autres termes, un produit qui n’assure plus la fonction qu’on lui demande par rapport à une autre. Une technologie bien plus adoptée qu’une autre ne signifie pas l’obsolescence de la seconde. L’obsolescence possède une notion bien plus définitive, l’inutilité effective d’une technologie.
Un produit numérique, de stockage, ou directement lié à l’électronique ne peut de fait pas rester bien longtemps. La durée de vie d’une prise numérique ou d’un support de stockage par exemple, doit se plier à des impératifs de vitesse et de grandeur (dans le cas d’un stockage) qui trouveront toujours, un moment ou un autre, leur limite. Difficile d’estimer la durée de vie d’un support ou d’une connectique en informatique, mais celle-ci excède rarement les 10 ou 15 ans. Un exemple avec l’USB B par rapport à l’USB C : le dernier est plus robuste, avec plus de débit, plus de puissance injectable, plus simple à brancher. Bref, plus aucun intérêt objectif à rester sur le B.
Le Jack, en revanche, reste un support purement analogique dans son approche. Il est bien possible de faire transiter toutes les formes de signaux électriques, y compris numériques, mais cela n’a aucun intérêt et le transfert en haute fréquence n’est pas son fort. Un support analogique évolue de manière différente et, généralement, à coup de révolutions si nécessaire.
Trop figé ?
Est-il améliorable ? A cette question tout d’abord qualitative se pose la simple limite de l’oreille humaine, une oreille qui, d’une part atteint vite ses limites en dynamique, d’autre part décroit rapidement dans les fréquences. Une oreille très jeune peut arriver à entendre des sons entre 20Hz et 22 000 Hz, pas plus, ce qui est une plage de fréquence proprement ridicule pour un câble ou une prise jack. La problématique des perturbations ou bruits liés à l’approche de la prise jack sont négligeables pour des distances aussi faibles (moins de 2 mètres la plupart du temps). La faible tension et la faible intensité que transporte son signal ne sont pas plus des problèmes, quand bien même on s’attaque à des modèles hifi.
Pour les pro de la prise et de son (surtout) et quelques audiophiles existe une solution : le branchement symétrique, nécessitant l’utilisation d’un signal (point chaud) et de la masse, mais en ajoutant également un point froid, signal inverse du point froid permettant de palier aux éventuelles perturbations dans le signal. Dans l’audio nomade la problématique est négligeable, malgré l’existence de quelques solutions dans certains baladeurs audiophiles. Nous n’iront pas plus loin cette fois, mais on peut mettre en avant le fait que les Jack symétriques sont généralement au format 2,5mm ou 4,4mm, la dernière étant plus adaptée et plus solide.
(Une solution possible)
Un point qui est à la fois vrai et faux concerne la place requise par la prise jack, un imense volume dans lequel nous pourrions caser d’autre puces et fonctions. Vrai d’une certaine façon, mais en se tenant dans une approximation haute des dimensions, l’ensemble connecteur jack + Dac et ampli des ancien iphones ne prenaient pas plus de 0,5 à 0,8cm3, le centième du volume d’un iphone.
Mais, on le voit bien, le problème vient du câble en lui-même, un relais dont on se passerait bien pour garder les mains un peu plus libres, éviter d’accrocher une poignée en marchant, ne plus casser ce petite pièce si fragile.
Le bluetooth
Etre libriste n’est pas grand-chose face à un outil marketing bien rôdé. Mais il convient de rappeler une chose. La prise Jack, malgré quelques brevets sur des points précis, n’est pas propriétaire. Le bluetooth… pas vraiment, voire pas du tout.
Pour commencer le Bluetooth est un standard directement lié au Bluetooth SIG (Special Interest Group), qui comme son nom l’indique est un organisme définissant le bluetooth passé, présent et à venir, à savoir les nouvelles normes et les licences à donner aux fabricants. Un contrôle de la norme par des intérêts économiques privés, quelque chose de plus que courant mais diamétralement opposé au jack. Des membres influents de ce groupement ? Apple, Intel et Microsoft entre autre, étonnamment pas encore Google.
(Nokia HDW-1, première oreillette Bluetooth, 2002)
Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si les choses s’arrêtaient là. Les codec Audio pour la transmission bluetooth ne sont pas si nombreux, et un seul est obligatoire : le SBC. Et, tadaa… c’est également le pire de tous. Le bluetooth standard, raffinement, celui qui vous fait dire sans trop vous concentrer que la qualité est clairement moins bonne qu’en filaire.
Le bordel des codecs
Heureusement d’autres codecs existent. Exit les anciens codecs Mp3 ou Atrac, citons ce qui existe à l’heure actuelle : AAC, AptX, LDAC. Plusieurs codecs donc, un mauvais début pour une standardisation, sachant que :
-l’AAC, sous License (payant donc) est quasi exclusivement utilisé par les smartphones Apple, lesquels ne sont compatibles avec l’AptX ou le LDAC à l’heure actuelle et ne le seront sans doute pas.
-Aptx et ses divers dérivés (Aptx HD, Aptx low latency) également sous licence, propriété de Qualcomm (et donc puce à acheter chez eux). Utilisé dans pratiquement tous les modèles Qualcomm, sachant que les modèles AptX HD sont plus rares mais deviennent très courant sur les modèles Android 8.0. Faux lossless déguisé en vrai, car même le AptX HD, malgré son débit, utilise un codec à perte.
-LDAC développé par Sony et sous licence. Le meilleur des codecs et théoriquement seul capable d’assurer un vrai Lossless… mais ne l’étant pas en pratique. Pour faire simple, la marque a préféré commencer à taper dans un début de son HD (96Khz/24Bits) que de proposer un vrai lossless 16 Bits, même si la différence est en théorie négligeable à l’oreille. Pas surprenant ! Vendre un terme HD à monsieur tout le monde est plus simple que de lui parler de Lossless. « Si c’est de l’audio HD c’est forcément mieux » tout comme les consoles martèlent le 4K avant même de parler de graphismes.
(LDAC de Sony, le petit dernier et format presque sans pertes)
Si cela vous paraissait surmontable, nous n’en sommes là qu’au stade de l’émetteur (le smartphone par exemple).
A cela s’ajoute le casque audio, qui doit lui aussi être compatibles avec le même codec, et rares sont ceux qui combinent l’un et l’autre. Le Bose QC35 par exemple (un casque que je possède), n’est que AAC. Par conséquent sous exploité si l’on ne possède pas de Smartphones Apple… ce qui est mon cas (oui je suis vraiment très con). Cette règle se brise sur les Smartphones intégrant 8.0, ceux-ci intégrant maintenant l’intégralité -LDAC compris – des codecs en natif, encore faut-il que le travail d’implémentation soit bien fait, que la puce soit bien Qualcomm pour les formats Aptx, et bien sûr que le constructeur ne s’amuse pas à la faire sauter dans ses diverses surcouches. N’hésiter pas pour cela à regarder en détails.
Bref une bataille économique qui fait qu’à moyen terme, sauf retournement, nous allons au moins vers un bluetooth à plusieurs standards, l’un pour Apple en AAC l’autre pour les Android en AptX ou LDAC. Rien de surprenant, mais l’unification en prend un coup. Difficile de prévoir, mais ce sera sans doute aux constructeurs de casques d’assurer un temps la double ou triple comptabilité, et cracher au bassinet en conséquence, joyeuse multiplication des certifications pour les marques tierces.
Équivalence sonore ?
Cela ne remet pas en cause l’utilisation du Bluetooth, mais ne permet pas de mettre ce standard, comme certains semblent le faire, sur un véritable piédestal. Le modèle fonctionne maintenant à peu près, mais n’est pas encore mature, et gardera toujours les problèmes inhérents à sa fonction : Batterie, standards et licences, piratage possible, dépendance à l’électronique pour un device à priori simple, réparabilité quasi-nulle et alimentée par une obsolescence programmée. Là où un casque standard peut lâcher sur un point -la câble- voire deux -un driver lâcherait- , un casque bluetooth peut se voir trahir par davantage de facteur, tous d’une durée de vie bien faible : 4-5 ans max pour une batterie : électronique bien plus fine et donc fragile, etc.
Mais tant qu’un codec entièrement standardisé et lossless n’existe pas, on ne peut pas parler d’obsolescence de la prise jack, quand bien même une qualité moindre suffit à la grande majorité. Cette équivalence sonore est possible et même assez simple, un casque bluetooth peut même être meilleur que la majorité des filaires raccordé à un smartphone standard si les composants suivent (Voir chapitre : La chaîne du son), mais cela n’est pas encore le cas. En configuration de bureau cela est utopique, les qualités des puces et composants de bureaux paraissent difficilement atteignables en nomade. En nomade, il existe déjà des baladeurs audiophiles qui paraissent, également, intouchables. Mais ce qui se trouve dans un smartphones, même doté d’une bonne partie sonore, est tout à fait intégrable dans un casque.
Lightning / USB-C
Passé le bluetooth, qui est le modèle le plus en avant pour remplacer le filaire jack, il y a également l’utilisation Lightning et/ou Usb-C via l’utilisation de casques avec connecteurs en conséquence. Les premiers lâcheurs de prise jack mettent ainsi en avant la meilleure qualité de l’usb c ou du lightning. Mais concrètement ? Qu’est ce que cela veut dire ? Et bien tout et rien au besoin.
Beaucoup de parlote
Vous pouvez retournez le problème dans tous les sens, écoutez tous les discours marketing, à la fin du fin il n’y a jamais qu’un signal analogique dans vos écouteurs, un simple déplacement d’air par une membrane. De ce fait, les composants entre le fichiers numérique et votre oreille sont peu ou prou les mêmes dans leur fonctionnement. Passé les divers traitements et caractéristiques propres à l’OS du smartphone, deux composants reviennent forcément : le Dac (convertisseur numérique vers analogique) et l’amplificateur casque. Ces 2 produits peuvent énormément varier dans leur qualité, leur consommation ou leur puissance, mais leur rôle est le même : convertir un signal numérique dans un beau signal analogique.
(Puce sonore de l’iphone 6S en bleu clair, plus petite qu’un ongle et de l’ordre du gramme, image ifixit)
Et c’est là que commence la première arnaque. Une meilleure qualité sonore va impliquer uniquement de meilleurs composants, une meilleur partie dac et/ou une meilleure partie amplificatrice donc.
(Un peu plus gros, le Dac de salon Yggdrasil et ses 12 kilos)
En quoi les prises USB-C ou Lightning seraient meilleures ? Dans l’absolu en rien, un simple signal analogique se transporte très bien via une prise jack, l’oreille est très loin de dépasser ses capacités. Le fait que les 2 prises récentes transportent des signaux à des gigaoctets par seconde n’a absolument aucune incidence sur un signal des plus basique.
Mais de grandes possibilités
En revanche, et c’est ce point qui devrait être mis en avant, les prises permettent de déporter le traitement sonore vers des dac/ampli externe, qu’ils soient de gros boitiers dédiées ou de minuscules circuits intégrés dans un simple câble. Les nouveaux écouteurs Apple en lightning (ou l’adaptateur lightning vers prise jack) fonctionnent par exemple sur ce principe, la partie Dac/Ampli n’étant plus dans le téléphone, celle-ci est remisée sur le câble au niveau du connecteur.
(Le philips M2L, un des premiers casque à prise lightning du marché)
Dans la pratique il y a 2 cas de figures.
La première, enlever totalement la carte son et l’ampli, et tout mettre dans la prise. La seconde, laisser la partie sonore dans le smartphone et faire transiter le signal audio via usb en analogique.
La première solution est celle utilisé par Apple, la seconde dans la grande majorité des produits Android. La miniaturisation faisant, on retrouve de plus en plus la partie Dac et Ampli au sein même du SOC (la puce du smartphones intégrant Cpu, ram, gpu, etc..). Cette solution parait plus intéressant car elle permet d’économiser des composants sur des écouteurs standards en Usb-C, n’intégrant plus d’électronique dans le connecteur, mais n’empêchant pas l’utilisation d’un éventuel meilleur DAC/ampli, le smartphone pouvant comprendre de ne pas utiliser sa propre puce pour décoder le signal.
Plus débile encore, et autres choix de standards, l’apparition de casques » made for apple » ou » made for google « , bouclant la boucle d’univers maîtrisés. Ces « Made For » sont encore insignifiants, désignant l’Apple à tel ou tel assistant, mais il n’est pas impossible de voir débarquer des modèles véritablement bridés voire inopérants en dehors de l’univers Apple ou Android.
Obsolescence ? Programmée
Un casque filaire ne tombe en panne que pour une raison, son câble, généralement au-dessus du connecteur jack. Un endroit de torsion ou le câble, trop sollicité, va peu à peu céder. Et malheureusement, cela devient un argument pour le bluetooth quand on pense aux petits écouteurs avec câbles non détachables, les honteux écouteurs Apple par exemple. Argument largement valable pour le bas de gamme.
(casse la plus courante)
Une fois passée cette barrière, la plupart des casques supra ou circum un peu qualitatifs ont maintenant ce câble détachable et deviennent presque inusables. Je garde certains modèles depuis plus de 15 ans. L’un de mes modèles hifi sortant du début des années 80 fonctionne encore.
Le casque bluetooth, en revanche, va dans le même sens que les smartphones, une batterie bien intégrée, pratiquement irremplaçable voire totalement irremplaçable. Triste quand on sait que l’inverse était la norme il y a quelques années. Des progrès sont faits, mais difficile pour un casque utilisé 6 à 8 heures en moyenne par jour de tenir des années. Résultat ? Un énième produit électronique balancé à la poubelle avec sa batterie lithium et ses pcb, et non un casque audio que l’on peut conserver. Certains fonctionne bien en filaire – quand ils marchent en passif – et pourront prendre le relais, mais leur fonction première restera comme un poids mort.
Même chose pour les adaptateurs Lightning vers Jack. Une idée de génie qui ne coûte pratiquement rien à Apple, vendu 9-10 euros, et qui est à classer dans les plus belles saloperies côté fragilité, la plupart des avis faisant état de quelques semaines d’utilisation intensives avant les premiers faux contacts, l’affaire de 2 mois pour le rendre inutilisable. Dommage… ne reste plus qu’à en racheter un.
(l’objet du délit, toute la partie sonore collé au connecteur lightning)
Le gâchis sera d’autant plus inévitable que les modèles bluetooth seront attrayants. Les smartphones ne sont pratiquement plus remplaçables « MAIS ILS SONT TROP BEAUX » , une batterie inamovible n’est même plus noté comme un point négatif. Et ce point qui était très répandu dans les premiers modèles haut de gamme fait désormais partie du passé.
Par contre, faites tout de même attention si vous aimez les casques et non les écouteurs. Car lorsque l’on peut réduire la transmission et amener de l’électronique, la prochaine étape est de réduire la matière. Pourquoi s’encombrer d’un casque ? C’est un accessoire lourd, volumineux et coûteux en matériaux, qui plus est beaucoup plus dur à perdre que de petits écouteurs. Le déterminisme fait bien les choses, le marché des écouteurs True Wireless (écouteurs droite et gauche indépendants) explose et devrait en toute logique être largement mis en avant dans les prochaines années au détriment du casque, car presque totalement électronique, totalement irréparable et à très forte valeur ajoutée.
(technologies propriétaires, plus forte marge, optimisé pour tel ou tel OS, le futur du casque)
Le casque est totalement obsolète, car il n’en fait pas plus tout en étant plus gros et donc plus encombrant, il demande en outre plus de puissance. Reste qu’Apple le déclare comme tel et ce sera dans les mœurs, le temps d’adapter une isolation active convaincante et de rattraper un peu son autonomie (et encore).
Les portes de l’avenir sont ouvertes à ceux qui savent les pousser
La disparition de la prise est inévitable sur les Smartphones, avant tout par prophétie auto-réalisatrice et par nécessité pécuniaire. Apple décrète que la prise Jack ne sert à rien, les marques et clients suivent en se disant que, finalement, je vis très bien sans fil une fois qu’on m’en a privé. D’autres marques suivent, car ce que fait Apple, par son poids colossal, devient souvent une vérité. Nous sommes bien assez con pour considérer qu’une encoche est un plus sur un smartphones.
Google, flairant facilement la bataille de standards, se pointe dans la bataille et livre, après un premier Pixel phone immonde sur le plan sonore, un modèle sans Jack pour corriger ce faux pas. Et cela est malin, car les 2 ont tout à gagner.
(Quand le son est mauvais, on l’enlève)
Ni l’un ni l’autre ne brassait d’argent sur cette prise, et très peu sur le casque filaire, l’investissement sur Beats d’Apple étant presque une paille. Mais maintenant ? D’un côté le Bluetooth, de l’autre des prises numériques, d’un côté iOS, de l’autre Android, autant de raisons de multiplier des standards pour mieux verrouiller son écosystème en transformant le plus simple des produits en une manne supplémentaire et aisément contrôlable, le tout avec la disparition d’un composant. Ta boite m’ennuie un peu ? oups un bug sur ton casque bluetooth. Tu n’as pas payé la gabelle ? Alors ton casque lightning ne fonctionnera plus sur ma prise. Un petit accord déguisé avec une marque ? Il ne prendra en charge que mon codec bluetooth (AAC ou Aptx au besoin).
Les deux ont bien pensé l’avenir en commercialisant des écouteurs plutôt chers mais optimisés (airpods par exemple) pour leurs propres appareils, vite vendus comme indispensables. Fort heureusement, pour les connards nostalgiques de la prise jack, des pleines charrettes d’adaptateurs facilement cassables ou perdables le temps de combler le manque.
(réponse de google à Apple avec les Buds, pas encore true wireless)
Sa disparition laissera champ libre au minuscule mais ainsi plus intéressant marché du baladeur audiophile qui continuera sans doute longtemps sur le créneau du jack en achevant une scission dont on se serait bien passé : Au jack la qualité, au bluetooth la connectivité. Le second ne s’adresse pas et ne veut pas s’adresser au marché un peu plus audiophile alors qu’il le pourrait -pourquoi s’emm… avec des dac et amp haut de gamme quand un simple terme « Audio HD » est un argument de vente. Quant à exploiter la prise Lightning ou Usb-C, cela semble prématuré tant les modèles et développements dessus sont rares, il n’est pas dit que ce format fonctionne vraiment un jour.
(Fiio X5 iii, baladeur audiophile ne parlant qu’à une niche mais pas prêt de lacher le Jack )
La durabilité est une catastrophe économique. Un casque filaire pouvait durer 10 ans, 20 ans ou plus, jamais un bluetooth ne tiendra aussi longtemps, ne serait-ce que par obsolescence technologique et apparitions continuelles de fonctionnalités. De quoi assurer un rachat plus rapide pour un produit plus coûteux, irréparable et plus polluant. Mais le fait est que le Bluetooth est un des avenirs de l’audio. Et… oui, avouons le, est tellement plus pratique en nomade, tout comme un smartphone est plus pratique qu’un reflex, même si la qualité et la durabilité ne seront jamais dépassées.
De la même façon que pour la photo, l’audio va se scinder, et se scinde déjà en deux :
-L’usage techno d’un côté, va totalement passer en Bluetooth. Son usage ira vers des écouteurs true wireless, très petits et forcément bardé de GoogleHome, Alexa ou Siri, ainsi que d’autres fonctions faisant de lui le relais du smartphones comme le ferait une smartwatch. La qualité sonore étant une affaire de comparaison, celle-ci peut facilement se tirer vers le bas sans que cela soit gênant pour la grande majorité des utilisateurs.
-L’usage audiophile et celui des créateurs (MAO ou studio d’enregistrement) de l’autre, qui se bornera à la vieille prise car sans équivalent pour épauler un matériel de salon/studio.
Conclusion
Vous pensez que le Jack est obsolète ? Vous êtes un peu (très) con, ou naïf. Mais rassurez-vous, vous êtes dans le camp des vainqueurs.
Pour améliorer encore cet excellent article (un grand MERCI !), on pourrait essayer d’y désembrouiller l’éternelle confusion entre les noms des connecteurs :
– MÂLE (FICHE en Français, PLUG en Anglais comme apparent dans l’extrait du brevet dont vous avez judicieusement inclus une photo)
– FEMELLE (PRISE en Français, JACK ou SOCKET en Anglais).
Versailles, Sun 01 Jan 2023 18:53:20 +0100
[…] pour ce qu’ils sont (coucou macbook air), on oublie plein de choses… par exemple que la prise Jack est morte et enterrée pour […]
[…] même essayer de développer un peu le sujet. Cette mode m’énerve mais comme je le précise dans cet article, c’est une chose inéluctable, qui ne sonne pas vraiment la fin du Jack mais plutôt une […]
[…] les nuls, nous sommes en 2018 et la Switch a toujours un Jack. Mais si cet honteux détails réactionnaire me révulse, j’arrive dans mon infinie sagesse à le tolérer. Oui je suis comme ça […]