Bluetooth + ANC Test

Test Plantronics BackBeat Go 810 [express]

écrit par audio du village

Dernier de ma petite salve de tests condensés de cette semaine. Par petit manque de temps du fait du très grand nombre de casques testés simultanément , je ne serai pas catégorique sur l’autonomie, ni sur l’assimilation plus ou moins bonne de la signature sonore dans la durée.

Introduction

Plantronics et le casque c’est une vieille histoire. Pas autant que les historiques Allemands comme Beyerdynamics ou Sennheiser, mais de manière tout aussi glorieuse. Spécialisée dès son commencement dans les micro-casque, équipant notamment le programme spatial Apollo via sa division SPENCOM, la marque fut également dans les pionnières de l’oreillette Bluetooth avec Nokia, cela dès le début des années 2000. 

Depuis, pas mal de diversifications, de rachat (Altec Lansing par exemple) et, dans le cas qui nous intéresse ici, d’orientations vers l’univers plus audiophile du casque d’écoute. Le Plantronics BackBeat Go 810 est un casque un peu difficile à situer, car censé être moins haut de gamme que les modèle Pro comme le Pro 2, et un peu plus poussé que le reste de la gamme BackBeat tout en partageant l’essentiel de leur trogne. 

Un petit modèle avec le savoir-faire Plantronics, Bluetooth et ANC, que demande le peuple ? De la qualité, tout simplement. Voyons voir. 

 Construction

Il y a tout un paradoxe dans ce casque. D’un part, le Plantronics Backbeat GO 810 ne souffre d’aucun défaut majeur, la structure est bien pensée, bien assemblée, sans jeu apparent. De l’autre, sa très grande légèreté vient d’un plastique très peu dense. Ce dernier, sans faire toc, ne donne pas l’impression de solidité, de densité des modèles haut de gamme. De plus, on retrouve quelques points de grincements, notamment lorsqu’on fait pivoter les écouteurs, lorsque l’on règle l’arceau ou lorsqu’on le secoue un peu. 

L’impression d’un manque de densité n’est pas flagrante, mais il y a  mieux, à commencer par le Pro 2 de la même marque. Après, ce n’est au final que la face émergée. Je n’ai pas rencontré de réel problème de fabrication, de défaut tel qu’un jeu ou de la résistance dans les pivots ou les glissements. Le modèle est à l’image des produits de la marque : sobre et fonctionnel. 

Accessoires

Oh tristesse. Plantronics donne rarement une déferlante de cadeaux avec ses produits, mais là nous sommes dans le minimum du minimum.

  • Un câble Jack, de qualité très correcte, sans plus
  • Housse de transport souple et très fine. Protège à peine. 

Nous sommes dans un prix bien plus faible que les haut de gamme, mais on peut regretter cette habitude prise par la marque. 

Point déclinaison, le modèle existe en 3 coloris : Noir, Bleu nuit, et gris clair. 

Confort

Pas mauvais du tout. Le casque est extrêmement léger (annoncé à 189gr), les coussinets circum (entourant l’oreille) sont assez large et le serrage de l’arceau relativement contenu.

Petit bémol avec l’arceau en lui-même, pas assez rembourré sur le dessus, ce qui fini par appuyer sur le crane au bout d’une heure ou deux. On a déjà vu bien pire ceci dit. 

On peut également remarquer des coussinets un peu trop étroits, étant pas loin du grand supra (reposant) pour les oreilles plus larges. L’extrémité des oreilles peut ainsi toucher le bord des coussinets et marquer une petite gêne, là aussi après une longue session. Cela constitue un petit point commun avec le Focal Listen Wireless. Le BackBeat Go 810 serre d’ailleurs pas mal la tête. 

Ergonomie

Autre marque, autre ergonomie. Pour commencer, la navigation se fait à l’inverse de la plupart des casques : sur la coque gauche. 

On retrouve sur celle-ci : 3 boutons de navigation sur la face plate (lecture/pause, piste précédente, piste suivante), et le bouton de volume sur la tranche arrière. En appuyant en même temps sur ces 2 derniers boutons, il est possible d’activer/désactiver la réduction de bruit active. 

A droite, on retrouve le bouton allumer/éteindre, ainsi qu’un dernier bouton de sélection de l’égalisation, qui n’offre le choix qu’entre un mode haut et bas, ce que nous détaillerons dans la partie sonore. 

Codecs

Pour le coup… il est assez rare de trouver cela, à savoir le minimum. Oui, le Backbeat Go 810 n’intègre que le codec obligatoire SBC, que la marque décrit comme « SBC personnalisé », ce qui ne veut pas dire grand chose. Le fait d’être Bluetooth 5 ne change absolument rien à l’affaire, voire est presque une blague. Le casque possède son application dédiée, ce qui met (probablement, car ce n’est pas une obligation ) en avant l’utilisation du mode Bluetooth Low Energy pour ses options de réglages, mais rien que ne peut déjà faire une version 4.2 voire 4.1. 

En l’occurrence, je n’ai pas assez testé le casque pour vous faire un descriptif détaillé de l’appli. Néanmoins, celle-ci permet pas mal de réglages et apporte, à défaut d’un vrai argument pour l’achat du casque, un plus très (trop?) rare sur les casques ANC, à part Sony ou des modèles anciens comme le Parrot zik 3. On peut, pèle-mêle, régler le niveau de la réduction active (haut ou basse), sélectionner une égalisation, vérifier le niveau de batterie/temps d’écoute, sélectionner le système HD voice (amélioration de la voix en mode mains-libres). 

Isolation Passive

Je suis un peu déçu. Cette isolation n’est pas mauvaise en soit, mais le niveau de serrage relativement important laissait entrevoir de meilleures performances. Un résultat honnête, suffisant pour  couper d’un environnement bruyant, de l’utiliser sans trop perdre en qualité sonore. On remarque que cette isolation, ou plutôt le défaut de cette isolation, est de commencer assez tard dans les fréquences. Ainsi, aucun problème pour les aigus, un peu plus pour les médiums. 

Isolation Active

Le Pro 2 était un modèle intéressant. Pas fou car étant vraiment limité dans sa bande de fréquence et dans son atténuation en elle-même, mais difficile d’en vouloir à un modèle ayant maintenant plus de 2 ans. 

Bonne nouvelle ! Malgré son prix plus contenu, le BackBeat go 810 est en progrès, à la fois dans la gamme de fréquence et dans l’atténuation. La différence n’est pas le jour et la nuit, cette isolation reste loin des rois que constituent les Bose et gamme 1000X de Sony, voire le PX de B&W, mais sa performance est très honnête. Je l’ai trouvé, pour les avoir eu entre les mains en même temps, plus convaincante que celle du Studio 3 Wireless de Beats. Comparé au Marshall Mid A.N.C, la performance est assez proche. Je placerai le BackBeat go 810 légèrement devant, mais difficile d’en être sûr tant l’isolation passive peut fausser cette impression. Reste que ces 2 modèles sont très honnêtes pour leur prix (le prix actuel pour ce qui est du Marshall).

Autonomie

Simple et efficace, dans la bonne moyenne. La marque annonce 20 heures en Bluetooth + ANC, et 28 heures en Bluetooth seul. 6 heures de différence ne parait pas énorme, ce qui indiquerait une bonne optimisation énergétique de l’isolation active. Pour ce qui est de la pratique : Là encore je n’ai pas eu assez longtemps le casque en main pour m’être assuré de ses performances. Celui-ci étant seulement SBC, il serait de toute manière un peu difficile de le comparer à un Marshall utilisé en Aptx, et un Beat studio utilisé principalement en AAC. D’après ce que je vois dans les différents tests, nous serions plutôt vers un delta 21hr-29hr (toujours respectivement avec et sans ANC) ce qui est de toute façon très bon. 

Seul petit regret, la recharge via un port USB-B et non USB-C. 

Enfin, point pour lequel je m’aperçois ne pratiquement jamais parler, ce qui est une erreur : la qualité du micro en conversation, notamment dans un environnement bruyant. Plantronics oblige, à savoir un pionnier du micro casque et un pionnier de l’oreillette Bluetooth (toujours impliqué dans le domaine), une conversation même en milieu bruyant reste parfaitement audible, les sons extérieurs paraissent bien atténués. Cela se fait toujours au prix de quelques restrictions sur la voix, mais nous restons dans le haut du panier. 

Son

Ce casque, comme certains autres, est un petit casse-tête sur sa sonorité. Non pas qu’elle soit compliquée, bien au contraire, mais elle est différente, parfois de manière importante, pour absolument tous les modes audio : Passif, Bluetooth, réduction active haute, basse ou désactivée. De quoi coller un petit mal de crâne au testeur que je suis. En pratique, pour avoir discuté avec beaucoup d’utilisateurs sur leurs habitudes d’utilisation des casques Bluetooth, 2 modes reviennent bien avant les autres : Le Bluetooth avec réduction active haut, et le Bluetooth sans réduction active. L’usage fait que le mode filaire passif ne s’utilise presque plus, le filaire ANC ne l’est plus qu’en avion pour mater un petit film, et la réduction basse apparaît souvent comme un compromis mou que personne n’utilise vraiment tant que ça. 

Mode filaire passif tout d’abord. Celui-ci reviens à la petite tradition des Bose et Sony, à savoir proche de l’intérêt zéro. La signature est extrêmement basseuse et manque de précision dans ce mode. Qui plus est, je l’ai trouvé assez mal adapté à un smartphone, à moins de pousser le volume à fond. Bref, bien peu d’intérêt. Étrangement, le déclenchement de la réduction de bruit donne un petit peu plus d’équilibre, mais là encore l’écoute ne parait pas étudié pour ce mode. L’ensemble est plus mesuré mais paradoxalement encore plus brouillon. Je ne conseille donc vraiment  pas ce casque en filaire. 

En Bluetooth, nous avons le droit à un net progrès,  progrès qui va toutefois dépendre du mode utilisé. 

Soyons assez clair, la meilleure façon d’utiliser le BackBeat GO 810 est en Bluetooth avec utilisation de la réduction active, en haut ou en bas. Celle-ci est alors basseuse, mais relativement équilibré, sans trop de pics ni de creux.  Pas de miracle sur les aigus, coupant relativement vite, donnant au casque un petit manque d’aération et de détails. Par contre, la réactivité des membrane est très honnête, plus convaincante qu’un modèle comme le Beats Studio 3, traînant un peu plus par rapport à ce mode. Je n’ai jamais été sur le cul, ni dans la quantité de détails ni dans la spatialisation assez large mais pas très profonde, reste que ce casque est cohérent dans son approche, sans gros défaut. 

En switchant avec l’égaliseur (bouton dédié), on bascule entre le mode balanced (équilibré, celui que je décris plus haut) et un mode dit « Bright » à savoir clair. Ce dernier n’est pas inintéressant, se permettant une signature plus en V (basses et aigus en avant) plus détaillée (même si de manière un peu artificielle), un peu plus large et puissante, même si un poil plus agressive. 

Gros bémol pour l’utilisation sans ANC. Le son revient dans ses travers filaire, avec une explosion du niveau de basses. Il y a des amateurs, cette signature étant plus maîtrisée  qu’en mettant une prise Jack, mais elle devient proche d’un modèle extra Bass. Il y aura des clients, mais je trouve la sonorité extrêmement usante, étant littéralement noyé dans une sensation ronde et assez traînante, étouffant systématiquement le moindre détails 

Vous l’aurez compris, il faut pour moi rester sur le Bluetooth avec activation de l’ANC, réglé sur haut ou sur bas, égaliseur sur balanced ou bright. Ainsi, la signature y est assez équilibrée, pas trop étriquée, puissante mais très versatile. Encore une fois, nous ne sommes pas dans un modèle du genre, et bien que la signature du Plantronics Pro 2 soit plus en V, je la trouve techniquement supérieure, plus maîtrisée et plus détaillée.

Pour quel style et quelle personne ? Je pense que la grande force du modèle, jamais génial, est de jouer (en utilisant le bon mode) de sa très bonne adaptation à tous les styles. Je ne le conseillerais pas pour écouter du classique, ou des styles vraiment pièges ou trop chargés, mais dans l’ensemble il reste à l’aise partout. Assez puissant, équilibré, faisant parfaitement taire ses défauts pour ne pas les laisser déborder, il reste  en-dessous du Pro 2 techniquement. Un bon casque, doté d’une isolation très correcte.

Mais… si votre budget le permet, le Pro 2 est en embuscade. Un peu moins bon sur l’ANC que le Backbeat Go 810, il reste meilleur d’un point de vue sonore, plus lourd mais mieux fini, plus… pro. 

Conclusion

Difficile de juger le Backbeat Go 810 sans y voir le spectre du Pro 2. Notre modèle testé ici est bon pratiquement partout, autonome, intéressant sur la réduction active. Le problème est qu’il y a le grand frère, un peu plus cher et moins bon sur l’isolation, mais meilleur sur la partie sonore. Une affaire de compromis. Un choix qui, si je devais le faire, serait bien difficile. 

Note : L’oiseau ou la cage ? 

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audio du village

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