Entre les tests de casques, ampli, DAC, enceintes, True Wireless, moulin à poivre led, il ne me reste plus beaucoup de temps pour me tenir au jus sur le marché certes intéressant mais sursaturé des écouteurs intra-auriculaires filaires, principalement chinois. Néanmoins, le nom Kinera ne m’était pas inconnu. De fait, sa « sous-marque » Celest peut augurer de bonnes choses. D’aspect assez atypique, les Celest Pandamon misent sur trois arguments : la tronche ; un transducteur planaire ; un prix qui va bien (71 euros à l’heure où je publie ce test). Ça vaut quoi ?
Agrougrou le panda
Beaucoup d’intras se suivent et se ressemblent dans la chifi, surtout quand il s’agit de mauvais goût. Combien de modèles adoptent un look de protège… bonbons vaguement stylisé !
Au moins, en misant sur des lignes rondes et un dessin très marquant de méchant panda chargé aux amphétamines, visiblement issu de la littérature chinoise, les Celest Pandamon réussissent assez bien leur coup. Je ne dirais pas que j’aime bien personnellement, mais je comprends que cela puisse plaire. Côté construction, rien d’incroyable, mais tout est suffisamment sérieux. Mis à part l’aspect rutilant du plastique cerclant le dos, l’impression de solidité est là.
Autre avantage, la présence d’un seul (gros) transducteur, ce qui permet de ne pas trop plomber le volume général. Même avec mon aversion pour les très gros écouteurs, pas de problème de port ici. La canule n’est ni trop large ni intrusive, pas de reproche là-dessus. On n’est pas encore sur du Sennheiser IE200, mais même les néophytes pourront les trouver confortables, d’autant plus que les écouteurs sont étonnamment légers.
Petit point rapide sur la connectique : 2 broches 0,78 mm. Cette connectique est très standard, ce qui permet d’envisager d’utiliser d’autres câbles. Celui livré avec les Celest Pandamon est tout à fait correct, avec une gaine suffisamment souple et pas trop plastique.
Un peu d’ouverture
Première particularité et premier choix, les Celest Pandamon ne sont pas fermés, comme cela est le cas sur l’immense majorité des écouteurs, mais ouverts, ou semi-ouverts si l’on veut chipoter (bien que ce terme n’existe pas vraiment dans les faits).
En utilisation, une chose est évidente : il n’y a peu d’isolation. D’un côté, cela leur apporte plus de confort, un côté moins claustrophobique. De l’autre, ils demandent d’être utilisés dans des endroits pas trop bruyants. Oui, j’enfonce des portes ouvertes.
Avant de parler du son en lui-même, il est important d’évoquer le transducteur. Ici, les écouteurs ne sont pas équipés d’un transducteur électrodynamique classique, ni de transducteurs à armature, mais d’un modèle planaire/orthodynamique (qui reste dans la famille électrodynamique) de 10 mm de côté développé par Kinera, le SPD 2.0. SPD indique Square Planar Driver, soit transducteur planaire carré. Cette appellation n’est pas forcément utile, puisque la majorité des planaires du marché sont carrés, y compris dans les écouteurs.
Sur les casques Hifi, l’intérêt des transducteurs planaires est de pouvoir miser sur des membranes de très grande taille, avantage à peu près nul sur des écouteurs (de l’électrodynamique de 12 ou 14 mm est courant. En revanche, le planaire est une promesse de meilleure linéarité dans les basses, et d’une plus faible distorsion. Tout cela est sur le papier. Il n’est pas dit que les Celest Pandamon réussissent sur ce point.
Du bon petit all-rounder
Dire que je me suis pris une claque serait très exagéré, d’autant plus que je suis naturellement blasé. Déjà, le côté ouvert met un petit coup de canif dans la polyvalence que je peux reconnaitre au produit.
Car oui, sans réinventer ou transcender la formule planaire sur écouteur, Kinera sait comment la décliner efficacement dans un produit plutôt abordable. On ne retrouve pas, ou presque, les travers de bien des planaires, très sujets aux oscillations et imprécisions dans les aigus.
Déjà, très bon rendu dans les basses et les médiums, puisque l’équilibre est bien là, avec une courbe presque inaltérablement neutre à l’oreille. On sent surtout que, l’architecture ouverte aidant, il y a de l’ouverture dans le bas du spectre. Surtout, pas d’excès en montant en fréquence, mis à part l’habituel pointe dans les 10 kHz, à laquelle il n’est visiblement plus possible de couper sur des écouteurs. Sur ce point, Kinera aurait pu être encore plus sage, ce qui aurait permis de gagner en détails. C’est un petit reproche, mais qui concerne le réglage et non la qualité du transducteur. On pourrait également demander un petit rehaussement des basses, afin de contrer l’absence d’isolation (plus rapidement préjudiciable au bas du spectre). Je suis partisan ce ce type d’accentuation, ne serait-ce que parceque l’oreille devient peu sensible en approchant les 20 Hz.
Ce transducteur permet de toucher du doigt les qualité de cette technologie, sa maitrise et impression de majesté dans les basses, de réalisme dans les textures. De fait, on tient avec les Celest Pandamon un bon produit très polyvalent, qui plus est extrêmement simple à alimenter. Une bonne initiation au planaire.
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Les Celest Pandamon : pour qui ?
Assez logiquement, les Celest s’adressent à ceux qui recherchent une paire d’écouteurs abordable pas prise de tête. La disposition permet apporte un bon confort en utilisation, et la sonorité très agréable fait le reste. Mise à part un peu plus de basses, et un niveau de détails dans les aigus qui aurait pu être encore supérieur, on tient là l’un des meilleurs écouteurs à moins de 100 euros. Il faudra par contre accepter ce format semi-ouvert, qui n’isole que modérément.