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Casque Légendaire #3 : Sennheiser Orpheus HE90

écrit par audio du village

Les casques ayant marqué le petit monde fermé dans le déjà petit monde de la hifi se comptent sur les doigts d’une seule main.  Le MDR-R10 de Sony est incroyable pour tous les petits détails l’entourant, le Sennheiser Orpheus ne l’est que pour une raison : le son. Il est à ce titre…

 

Le plus grand de tous

 

S’il n’avait pas été remplacé par le nouvel  HE1, ce Sennheiser Orpheus HE-90 serait encore considéré comme le meilleur de tous. Petit chef-d’œuvre d’ingénierie Allemande à prix totalement prohibitif, le modèle est d’autant plus reconnaissable par sa carte son/ampli dédié au design lunaire.

A l’opposé de l’expérimentation organique du Japonais R10, l’Orpheus fut un pur travail d’ingénierie, le fruit de plusieurs années de perfectionnement, non pas pour véritablement gagner de l’argent dessus, mais simplement rappeler qui avait la plus grosse. La légende dit d’ailleurs que la marque n’a jamais pu dégager un bénéfice. Sans doute très exagéré, mais typique d’un produit d’appel.

image issue de la brochure de l’époque. Autres temps, autres mœurs, autres présentation

 

Un casque

Basé sur une technologie électrostatique, l’Orpheus HE90 enchaînait les prouesses techniques laissant, comme le R10 mais dans une moindre mesure, un certain taux de drivers défectueux.

Le driver électrostatique se compose de deux parties : la membrane (partie mouvante, créant un son par déplacement d’air) et les 2 électrodes la prenant en sandwich. D’une part on retrouvait une membrane en matériau polymère de 1 micromètre d’épaisseur, recouvert d’une couche d’or (pour son excellente réaction aux variations de tension). Enfin, des électrodes en verres percées en nid d’abeilles, et plaqués or sur leur face interne, pour une tension de polarisation de 500V. L’addition de tels matériaux dans un driver électrostatique était alors une première, principalement à cause du prix particulièrement salé. Mais, bien sur, le prix dans un tel cas est une marque de vulgarité. D’autant que la réponse en fréquence atteignait un 7Hz-100Khz en utilisant un « à 10dB d’atténuation près », et un 25Hz-75Khz à 3dB près, ce qui est déjà  incroyable et totalement inatteignable avec les modèles dynamiques standards.

Pour soutenir le système sonore, la marque choisit également de ne pas se reposer sur du plastique mais sur une coque en hêtre lamellé, une sorte de contreplaqué haut de gamme, assez peu sujette à la déformation.  Un choix de matériaux autant pour le fond que pour le style.

Les coussinets n’avaient rien d’aussi excentriques (et heureusement), mélange de cuir et de velours épousant la forme elliptique du casque qui sera reprise dans les gamme HD6x0 et la nouvelle génération d’Orpheus. La marque insistait à l’époque sur la nécessité d’une telle forme, permettant selon elle d’éviter le phénomène d’ondes fixes.

L’arceau en acier, à réglage cranté, sera lui aussi reprit dans les gammes suivantes.

Enfin, le câble était assez classique pour un modèle électrostatique (si tant est qu’un électrostatique puisse être classique) : un modèle en cuivre OFC 6 brins relativement fin. 6 Brins, car 3 par côté : 2 brins pour la tension du signal, et un 1 brin pour la tension de polarisation (500V).

 

Et son Ampli

Tout aussi superlatif que le casque qu’il alimentait, l’ampli livré avait une tronche reconnaissable entre mille. Le HEV90, son petit nom, était à la fois une carte son et un ampli à lampes, la marque ayant fait ce choix au lieu des plus techniques transistors, cela par pure « musicalité ».

L’ampli se basait sur 6 lampes : 2 pour l’étage préampli et 4 pour l’étage de puissance. Ces 4 tubes étaient montés en pont, avec fonctionnement en classe A à tension constante (si vraiment le principe vous parle). Petit détail, la présence de grilles protectrices en acier, laissant légèrement apparaître les lampes.

un monstre de 13kg tout en métal avec finition bois, protégeant ses circuits d’alimentation par des cages en aluminium

Le DAC (convertisseur numérique/analogique) se basait sur une technologie Bitstream, ou 1-bit. Une technologie relativement oubliée maintenant, se basant sur le même type de conversion que les DAC modernes, via une méthode dite Delta-Sigma, mais utilisant un convertisseur sur 1 Bit. Une technologie qui se tient sur des échantillonnages type CD (16bit/44Khz), mais pas au-delà, cela pour des raisons purement techniques dans lesquelles nous ne rentrerons pas ici.

Le petit bouzin regroupait à la fois des entrées numériques : Coaxial et optique (oui cela existait début 90). Et une petite entrée analogique RCA. Il était possible – luxe suprême – de brancher 2 casques sur le même ampli, celui-ci étant doté de deux sorties, utilisables via le même potard placé au centre (le petit rond en inox, bien rutilant).

Bref, cet objet de pas moins de 13Kg regroupait tout ce qu’il fallait à l’époque, et difficile de vendre un Orpheus sans son mythique ampli.

 

Recommencement 

Lancé 15 000$ avec son ampli en 1991 (presque 28 000$ de 2018), il dépassait de loin tous les tarifs pratiqués alors. Une petite production d’environ 300 combo casques + unités, à laquelle s’ajoute une nouvelle petite série de 30 au début des années 2000. Depuis, la hype est telle que sa revente dépasse facilement les 20 ou 25K$. Un rapport qualité/prix presque abyssal, mais l’Orpheus apparaît systématiquement en tête des classements du meilleur casque du monde.

Orpheus HE1, nouvelle génération de casque et d’ampli

Par orgueil ou par simple nécessité de mise à jour, la firme Allemande lâcha une nouvelle bombe en 2015. Ainsi vint le Orpheus HE1, nouvelle itération et nouveau casque le plus cher de l’histoire, soit 50K avec son DAC + Ampli  en marbre dédié. J’ai eu la grande de l’essayer une petite demi-heure en 2016, mes oreilles et mes fesses qui claquent s’en souviennent encore. Clairement, il y a autre chose à faire avec 50 mille brouzoufs, encore que les passions n’ont rien de mesurées. Mais…  je n’ai jamais écouté un modèle approchant cette sonorité.

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