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iBasso DX320 : baladeur audiophile interdit aux gueux

iBasso DX320 debout sur une surface
écrit par audio du village

L’audiophilie moderne à ceci de paradoxal qu’elle n’a jamais été aussi abordable et aussi peu abordable à la fois. D’un côté, les bons baladeurs audiophiles et les bons DAC peuvent se trouver sans problème autour des 100 euros, avec des qualités qui n’ont parfois rien à envier à des modèles high-end enrobés de beaux discours. De l’autre, le très haut de gamme ne cessent de repousser les limites de l’indécence niveau tarif. Les casques très haut de gamme valaient 1 000 euros voire 1 500 euros à une époque, les modèles type Meze Elite ou Dan Clark Stealth flirtent davantage avec les 4 000. Hifiman avait choqué son monde avec son HM801 à 800 euros en 2010 ? La gamme Ultima de Astell & Kern passent facilement les 4 000 euros. Cette hausse ne touchent pas uniquement les constructeurs historiquement premium, mais également les marques comme Fiio et iBasso pionnière du genre abordable. Fiio a déjà frappé fort avec ses M15Pro et M17, iBasso franchit lui-aussi un palier avec ce nouveau iBasso DX320, véritable petit smartphone audiophile.

iBasso DX320 = gros smartphone même pas milieu de gamme ?

l’iBasso DX320 rentre dans la catégorie des baladeurs connectés. Comprenez par là que cet appareil possède globalement les caractéristiques d’un smartphone (sans caméra) : écran couleur tactile, grande taille, puce arm, et OS permettant de se connecter à des services de streaming musicaux. La plupart des marques, comme iBasso, optent pour Android, soit en version stock, soit une version très simplifiée (astell & kern) et modifiée. Il peut toutefois arriver, comme pour Hiby et Hidizs, qu’un OS maison, certes là-aussi dérivé de noyaux existants, soit intégré.

iBasso DX320 sur fond blanc

Le iBasso DX320 est ainsi dans la lignée des baladeur connectés plutôt premium. Son châssis est entièrement en aluminium, anodisé et colorisé dans un beau bleu sombre. Une molette de réglage (volume) en métal est présente, en plus de quelques boutons de navigation. Contrairement à des acteurs comme Astell & Kern, iBasso préfère depuis pas mal d’années les formes arrondies aux angles tranchés et aux facettes. Oubliez par contre la finesse de certains smartphones, le DX320 fait un petit 162 x 77 x 17mm pour 205 g. Et oui, il faut de la place pour la partie DAC et l’ampli. Prévoyez de trèèèèès grandes poches.

Au moins, cela permet de caler un écran tactile de 6,5″ de définition 2340 x 1080 pixels borderless. Une telle définition parait normal pour un bon smartphone, mais est assez rare sur les baladeurs audiophiles, souvent très pauvres (genre 720p). Et oui, on écoute de la musique, on ne regarde pas de vidéo.

La petite particularité du modèle est d’utiliser non pas 1 mais 2 OS. Il est donc possible de passer par Android 11, ou par Mango OS. Mango OS est plus limitant, mais également plus simple pour qui veut uniquement une fonction musicale locale, c’est-à-dire avec tous les fichiers stockés sur la mémoire interne de 128 go (extensible grâce au slot micro SD).  Comme d’habitude avec les marques de baladeurs, iBasso affiche belle radinerie sur ce point. 128 go pour un produit aussi cher est un peu se moquer du monde.

Pour chapoter le tout, la marque intègre encore une fois (une habitude depuis environ 3 ans) une puce Snapdragon 660, et un puce FPGA pour faire le lien entre tous les éléments de l’appareil. A l’époque, la 660 était une solide référence milieu de gamme. Mais en 2022, votre serviteur a un peu peur pour l’obsolescence du produit, voire même pour la fluidité de l’expérience en mode Android 11. A priori, cette puissance n’est tout de même pas aussi ridicule que sur les baladeur Astell, pourtant bien plus chers.

Le paquet sur le son

La base Smartphone est là, mais le iBasso DX320 va bien sûr beaucoup plus loin, que ce soit dans la conversion, la gestion de l’alimentation, les connectiques, et l’amplification.

Premier étage : la conversion numérique-analogique est assez originale. Au lieu d’utiliser des puces de fondeurs très connus comme ESS ou AKM, le constructeur intègre des références d’un autre acteur très haut de gamme, mais moins connu du grand public, ROHM. Le baladeur utilise ainsi 2 puces BD34301EKV (virez-moi le mec qui trouve les références), utilisées en configuration Dual-Mono (une puce par canal). Plutôt sympa de voir un peu de nouveautés sur les marques de DAC, non ?

Pour l’amplification, iBasso propose encore l’une de ses spécialités, la modularité. Il sera ainsi possible de mettre différents modules AMP du constructeur. Il y a un peu tout en la matière, allant de l’amplification simple pour écouteurs peu sensibles, jusqu’à l’amplification à lampes Nutube (des mini-lampes imaginées par Korg). De base, le iBasso DX320 intègre une amplification symétrique AMP11 MKII. Il sera possible, en option, de mettre un module AMP12 (plus puissant) ou AMP13 (à Nutubes). En sortie, l’appareil est capable d’atteindre une tension max (sortie symétrique) de 7,1 V RMS, ce qui permet déjà de couvrir presque la totalité des casques du marché.

iBasso DX320 sur fond blanc

Autre originalité du iBasso DX320, l’utilisation de deux batteries. La première permet d’alimenter les étages numériques (OS, DAC, Etc…), la seconde se charge des étages analogiques (l’amplification notamment). Pour l’endurance, iBasso indique que l’appareil peut atteindre les 10 h. Pour être clair, il sera déjà difficile de dépasser une poignées d’heures avec un casque très énergivore.

Terminons sur les sorties casques : 1 jack 3,5 mm (également sortie coaxiale), et une prise jack 4,4 mm (prise symétrique).

iBasso DX320 de dos

Et le taro ? 1600 euros. Oui, l’appareil est donc très haut de gamme, plutôt intéressant, mais une telle somme pour un produit à la durée de vie limitée (pas moins qu’un smartphone à priori) reste difficile à justifier, en tous cas pour les manants.

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audio du village

2commentaires

    • Tout dépend. Mais en théorie la (ou plutôt les deux) batterie risque de lacher en premier, puisque le nombre de cycle est limité. On table souvent sur 1 000 cycles de charge environ, mais c’est un chiffre indicatif.
      Pour le reste, cela viendra plutôt de l’obsolescence du système Android intégré. Avec le temps, certaines applications ne sont plus supportés sur les vieilles versions.

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