Hardware Sédentaire

Topping D90LE : pour ne pas se faire pigeonner par le MQA

Topping D90LE deux coloris
écrit par audio du village

Qu’il est dur le chemin pour les marques ayant placé leurs billes sur les DAC AKM. L’incendie de l’usine du fondeur, fin 2020, a mis à terre pas mal de productions en cours, Topping D90 notamment. Topping s’est depuis réorganisée, et tournée vers les puces Sabre du constructeur ESS. C’est dans cette optique qu’apparaissent les nouveaux Topping D90LE et D90SE, sortes de clones du Topping D90, mais avec convertisseur ES9038Pro et non AK4499.

Il est pas beau, mais il met de bonnes claques

Même à l’échelle d’un Topping ou d’un SMSL, le D90LE n’est pas spécialement beau. On parle d’un produit avec un châssis très sérieux, tout en aluminium anodisé, mais sans aucune inspiration styliste (c’est le terme poli pour dire triste et moche). Par contre, c’est à peu près la seule chose que l’on peut reprocher au bouzin. On parle d’un appareil dans la plus pure tradition des produits chinois récents, qui reposent à la fois sur les meilleures puces du genre, et une excellente intégration. C’est simple, il y a de vrais ingénieurs derrière, pas des bonimenteurs audiophiles prêt à parler de « technologie propriétaire » au moindre changement de condensateur.

Topping D90LE arrière

Ça commence avec les connectiques, qui feront plaisir à l’ensemble des utilisateurs. Pour les plus classiques : entrée USB-B, prise optique Toslink, prise SPDIF RCA. Pour aller encore plus loin, on retrouve même une entrée XLR en interface AES/EBU, l’équivalent Pro du standard SPDIF. Enfin, les audiophiles les plus aguerris (ou fous) ont même droit à une interface I2S en HDMI. Pour rappel, contrairement au SPDIF et à l’AES/EBU, ce standard permet de séparer le signal d’horloge du signal. Il permet également, contrairement aux deux autres standard, de prendre en charge le DSD en natif. Allez, un brin de modernité connecté tout de même, avec une puce Bluetooth (et prise antenne) avec support du codec LDAC.

En sortie, le Topping D90LE part sur une doublette XLR et RCA tout ce qu’il y a de plus classique. Il est possible d’utiliser les prises en mode fixe, et en mode variable (fonction préampli).

Topping D90LE : pourquoi que c’est le mieux meilleur ?

Oubliez donc les puces AKM, le Topping D90LE accueille le top du top de la puce ESS, une ES9038Pro. Sur le papier, le rendu est de toutes façons du même tonneau que sur la puce AKM, à quelques réglages possibles près (tout dépend de ce que fait la marque).

Le modèle est ainsi capable de décoder du PCM 32 bits/768 kHz et du DSD512 en natif. Pas de support matériel du MQA ? Et bien non, justement, c’est là la seule différence avec le modèle D90SE, qui sera vendu normalement 100 euros plus cher. Je ne reviendrai pas ici sur l’intérêt du MQA, mais je considère personnellement ce format comme l’une des dernières escroqueries de l’audiophilie moderne, une blague qui n’a pour seul but que de faire cracher du fric aux en mettant de la technologie payante du mixage jusqu’au DAC. En bref, gardez ces 100 euros, et payez vous quelque chose d’utile ou de divertissant avec. Parenthèse refermée.

Topping D90LE avec A90
Le Topping D90LE fait partie d’une mini gamme. Ici avec l’ampli casque A90

Comme d’habitude, la marque met également le paquet sur les éléments associés, comme un récepteur USB XMOS XU216 à 16 cœurs, ou l’utilisation d’une puce programmable type CPLD (Circuit Logique Programmable Complexe) pour organiser l’horloge et les différents flux. Petite particularité du modèle : la possibilité de donner une « sonorité » au niveau de sa préamplification. Il est possible, en plus de laisser le son tel quel, de choisir une sonorité type tube, pour laquelle le Topping D90LE booste la distorsion des 2ème et 3ème harmoniques, mais également d’un préamplificateur à transistors classique, là aussi en ajoutant un bruit de fond et des distorsions harmoniques caractéristiques. Je ne suis clairement pas adepte de ce genre de réglages, mon avis est qu’il faut rester au plus proche de la neutralité tant que nous ne sommes pas arrivés aux enceintes. Mais, je peux comprendre la démarche.

Topping D90LE en chiffres

Amateurs de mesures, vous devriez être servis. Sans surprise, ce Topping D90LE déjà haut de gamme fait tout ce qu’on demande à un DAC moderne. Le SNR est annoncé à un stratosphérique 134 dB, le THD+N (sur 20 Hz – 20 kHz, sans pondération) est inférieur à 0,003%, la diaphonie inférieure à -139dB, et le niveau de bruit inférieur à 1.1µVrms. Si tout cela ne vous parle pas, disons que cela signifie que, sauf problème spécifique, tous les DAC modernes de ce genre sont, d’une certaine façon, parfaits.

La réponse en fréquence est parfaitement neutre, le DAC ne colore rien, et aucun défaut n’est audible. Votre humble serviteur a aussi un avis assez clair dessus : le milieu du DAC est arrivé à une maturité suffisante, voire une forme de perfection. Les pistes d’améliorations sonores sont ailleurs (enceintes et traitement de la pièce d’écoute en tête).

Le prix de ce genre de perfection ? Le Topping D90LE est visiblement de 800 euros chez nous, en noir ou couleur métal.

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