Introduction
Oui, lui aussi est un test sacrément en retard. En même temps, je ne fait tourner le site que depuis Août. Et diable que cela peut être long de rédiger un test, même estampillé Express.
Le Bowers & Wilkins PX ! Ça c’est un nom qui claque, résonne entreprise de plomberie de luxe, ou de déménageurs, ou de rasoirs, ou de.. Oui de ce qu’on veut en fait. Pour les connaisseurs, cette entreprise est un des piliers de l’enceinte Hifi, connue par exemple pour son très haut de gamme Nautilus, ou même ses tweeters dérivés et intégrés dans les gammes plus classiques.
Histoire du casque véritablement commencée avec le P5 en 2010, puis élargie avec le P3, le P7, le plus récent P9, des déclinaisons sans-fils et une constance assumée ou presque : un certain gout pour les aigus en retrait. Parfois de manière évidente avec le P3 ou le P9, parfois de manière discrète comme avec le P5 série II ou Wireless (Mon modèle favoris). Je ne suis dans l’ensemble pas fan de la marque dans ce domaine, laissant des drivers très qualitatifs aux prises avec une signature ayant son caractère, mais également des manquements un peu trop important, laissant un voile quasi permanents sur certains styles. Un P9, par exemple, que je trouve largement surcoté dans sa gamme de prix.
Mais à casque nouveau jugement nouveau, et il ne serait pas le premier à « trahir » sa signature habituelle, d’autant que le B&W PX est un modèle faisant la part belle à l’électronique, puisque Bluetooth (le P5 Wireless était très réussi) et à réduction de bruit, une chose qui oblige à travailler les réglages sonores. En l’occurrence, la marque reprend le driver du P9, du haut de gamme donc, pour un casque qui est à l’heure actuelle (décembre 2018) vendu dans les 350, soit dans les eaux du WH-1000Xm3 de Sony, et un poil plus cher que le Bose QC35ii (qu’il est très facile de trouver moins cher que son officiel 379 euros).
Construction
Chez B&W, tout est toujours très sérieux et luxueux, la marque nous déçoit rarement bien que quelques petits points viennent parfois, sur les anciens modèles, trahir les finitions. Le PX montre clairement d’où il vient, et quels ont été les modèles précédents. Du métal et du cuir, ainsi que du tissu pour les revêtements.
On peut noter que, contrairement aux précédents haut de gamme comme le P9, le P7 ou même les derniers P5, la notion de plastique n’est pas annihilée. En plus de l’habituel cadre du driver, celui-ci est également présent sur quelques points d’accroches comme le rembourrage du bandeau. Cela ne change rien à l’aspect très luxueux, mais reste un peu dommage par rapport au reste.
Si les construction des Sony et Bose sont irréprochables dans leur genre, le Bowers & Wilkins PX est d’une gamme autrement plus classe, plus dense. L’objet est sensiblement plus lourd que ses concurrents, ce qui laisse l’impression d’un objet plus solide, plus sérieux, plus luxueux. Et encore, la marque a substitué la partie acier inox du début de l’arceau par un alliage d’aluminium, ce qui est déjà bien suffisant. Le revêtement de l’arceau et des coussinets reste en cuir, matériau toujours de qualité bien que beaucoup de marques le délaissent, à la fois pour l’éthique et la praticité, pour des similicuir commençant à devenir vraiment convaincant et surtout plus respirant. Je me garderai bien de juger le premier point, ce n’est pas le but ici, mais il est toujours bon de le savoir.
Bref, le B&W est une gamme au-dessus des Bose et Sony, mais cela peut également se payer sur d’autres points. Pour commencer, le casque n’est pas pliable (oreillettes pouvant être mises à plat).
Accessoires
Comme assez souvent lorsque je teste un casque en même temps que d’autres et par manque de temps, je n’ai pas eu accès à tous les accessoires disponibles. Il n’est pas très dur de retrouver la liste complète, sur leur site ou un site marchand :
- Pochette de transport souple façon matelassé
- Câble Jack 3.5mm
- Câble usb-C. Un bon point bien avant les Bose et Sony
Je n’ai pas vu de prise avion dans le lot, et elle semble effectivement absente sur le site de la marque. Le genre de points pas bien grave mais franchement mesquin, qui arrive autant dans les modèles moyen que haut de gamme.
Confort
Premier coup de canif. Il y a 4 soucis sur ce modèle. 4 que l’on peut mettre en paire, chaque brin de la paire ne serait rien s’il n’y avait pas l’autre.
Commençons par le poids. Près de 340gr quand les Bose et Sony passe maintenant sous les 235 et 255gr. Une différence marquante, mais pas tant par le poids lui-même que par sa répartition. En effet, l’arceau n’est pas immensément large (en même temps le bose ne l’est pas non plus), mais il est surtout très rigide, localisant la pression sur une surface très réduite. Presque imperceptible dans les premières minutes, mais vite gênant sur de longues sessions. L’impression de revenir sur d’anciens casques qui vous cisaillaient le cuir chevelu. Sans être horrible, il n’y a aucune comparaison entre celui-ci et les meilleurs, même entre lui et des modèles plus bas comme les Pro 2 de plantronics ou le 4.50 de Sennheiser.
Seconde déception, les coussinets et le serrage. Ce dernier est relativement important et surtout mal contrebalancé par les coussinets. Souple au toucher, ces derniers mettent en avant une structure très rigide et très fine dans le sens du serrage. La différence entre le diamètre externe et interne est ainsi très mince, ce qui appuie là aussi sur une surface bien trop réduite, allant à la fois cherche le tour d’oreille et la partie haute de la mâchoire.
Point à soulever, même si je n’ai pas eu de problème pour ma part : La structure très rigide fait qu’ils laissent des espaces libres vers l’extérieur chez certaines morphologies, ce qui impactera davantage l’isolation.
Ergonomie/Connectivité
Sur ce point, le Bowers & Wilkins PX se rapproche du Bose QC35 ii, une approche assez traditionnelle et boutonneuse. Encore que ! Un point va également lorgner du côté des Parrot Zik bardés de capteurs.
Le modèle est doté d’une puce Bluetooth 4.1, mais vous commencez à comprendre que cela n’est pas bien grave. La marque met également en avant un système de ré-échantillonnage du signal reçu. Le genre de point qui veut tout et rien dire et ne se vérifie qu’à l’écoute.
Côté bouton, tout est localisé sur la partie droite de l’appareil, avec un habituel triptyque volume bas, lecture/pause/passage de pistes, volume haut. Juste à côté un bouton de réglage de fonction, ou plutôt d’isolation active, permettant de l’allumer ou l’éteindre. Un petit gadget que je trouve bien pratique à l’usage, l’isolation active n’étant pas utile dans toutes les circonstances. En revanche, impossible de régler un mode d’isolation via ce bouton, nous sommes dans une approche tout ou rien.
Le reste de l’ergonomie en elle-même vient du système de capteur de présence. Assez simple mais efficace, ces capteurs détectent si votre oreille s’éloigne trop du coussinet, et mettent la musique automatiquement en pause. Il est également possible de régler l’intensité de détection via l’application, certains types de cranes ou mouvements font que le casque peut devenir un peu sensible et couper la musique même lorsque vous le portez toujours. Enfin, si comme moi vous n’êtes pas forcément amoureux du procédé, il est parfaitement possible de le désactiver complètement, le tout via l’application dédiée.
Codecs
Entre Bose et Sony. La marque assure l’essentiel, du basique au qualitatif. On retrouve ainsi :
- Le SBC, de toute façon obligatoire pour un casque Bluetooth
- l’AAC, bonne nouvelle donc pour les utilisateurs Apple
- le AptX HD, format qualitatif le plus répandu.
La marque ne le précise pas, mais le modèle est bien sûr compatible avec le AptX classique.
Isolation Passive
Coussinet en Cuir, niveau de serrage important. Oui, sur ce point là pas de surprise, la marque réussit son coup. On peut regretter que l’isolation des aigus, très facile sur un casque fermé, démarre un peu plus tard dans le spectre que le Sony, ou qu’un Focal Listen. Le modèle est heureusement plus proche d’un WH-1000Xm3 que d’un Bose, clairement. Le bruit fuite assez peu vers l’extérieur, bonne copie donc.
Isolation Active
Je serais tenté de dire excellente, car cela était effectivement mon cas. Une réduction très forte, un poil en dessous des Bose et Sony avant les 80-100Hz, mais clairement dans le trio de tête. Mais, d’après les divers retours que j’ai pu en avoir, la forme et l’appui des coussinets (cités plus haut), laissant un espace chez certains, fait que ce type d’isolation ne marcherait pas aussi bien chez tout le monde. Assez logique de le constater si le modèle est ouvert sur l’extérieur. Toujours mieux de l’essayer avant donc, mais je suis heureux que tout ait parfaitement fonctionné pour moi.
Fonctions Annexes
Je resterai assez bref là-dessus, n’ayant pas pu tester en profondeur l’application. Celle-ci n’est toutefois pas aussi complète que la Sony ou même l’appli Parrot.
Comme l’essentiel (voire toutes) les applications, celle-ci se sert du mode Low Energy du casque pour converser. Ce mode est ainsi toujours choisi pour balancer les petites infos de réglage au casque, ne prenant qu’une part infime de data. Son rôle toutefois s’arrête là, une version 4.1 est déjà suffisante pour ce type d’échange, et le mode Classic reste le seul utilisé pour la connexion du device en audio à proprement parler. Ne venez donc pas me parler du Bluetooth 5 qui apporterait quelque chose. Oui, il apporterait une meilleur stabilité du signal pour échanger avec l’application, la belle affaire.
L’appli en elle-même, le coeur de l’appli, va être autour des 2 modes de réduction/amplification.
Une fois le casque détecté par l’appli il est possible, sur la même page, de définir la puissance de l’isolation active à travers 3 réglages, et le mode de filtrage des voix venant de l’extérieur à travers 3 réglages.
L’isolation active propose ainsi :
- Bureau
- Ville
- Avion
Des réglages assez sensiblement différents, dont on aurait aimé avoir l’accès depuis le bouton activation/désactivation de l’ANC. Cette activation/désactivation est également présente, juste au dessus, via un bouton glissière.
Le filtrage des voix, seconde composante, est semblable à ce qui existe dans des marques comme Sony, en moins poussé. Ce n’est pas le genre de mode que j’utilise, mais il peut toujours servir. On retrouve ainsi les réglages :
- désactivé (mode par défaut)
- Naturel. Censé reproduit une immersion normale, sans casque
- Amplifié. Mettant en avant une surcompensation
Enfin, option abordée avec le capteur de coussinet. Il est d’activer ou désactiver la fonction, et de régler la sensibilité de déclenchement.
Autonomie
La marque annonce les chiffres suivants :
- 22 heures avec Bluetooth et ANC
- 29 heures avec Bluetooth sans ANC
- 33 avec ANC en mode câblé
- 50 sans ANC en mode Câblé
Que veut dire ce dernier mode ? Tout simplement qu’il est impossible d’utiliser le casque en passif. Pas de batterie ? Pas de musique. Je trouve toujours ça aberrant, autant que sur le Beats Studio 3 Wireless. Mais la marque a décidé des réglages ainsi.
Côté autonomie, je me suis basé sur le mode Bluetooth + ANC en réglage Avion 3/4 du temps, bureau pendant 1/4. En alternant AptX standard et SBC, je suis arrivé à 22 heure 20 avec un volume autour des 60%-65%, ce qui est donc respecté, égal au Bose QC35 ii (mais n’utilisant pas d’AptX) et derrière le Sony.
Son
Là nous attaquons le sujet sérieux. Et autant le dire tout de suite s’il fallait afficher mon avis personnel : j’ai beaucoup de mal avec ce casque d’un point de vue sonore. Voila, maintenant que tout est dit, reprenons un peu plus d’analyse.
Pour commencer, nous retrouvons l’habituelle signature de la marque, peut-être même gonflée par l’électronique intégrée, Bluetooth et réduction de bruit.
Le modèle met bien en avant les basses, conserve les médiums, et joue à la piste noire une fois dans les haut médiums. Un petit sursaut franchement salvateur dans les 7-8Khz, puis absence quasi-totale passé les 10Khz.
Commençons par les bons points, avec en premiers lieu les basses. Assez en avant bien qu’elles ne lâchent pas les médiums d’un coup comme avec WH-1000Xm3, celles-ci sont sont de très bonnes qualités, avec à la fois beaucoup d’impact et de naturel. Le modèle descend très bas et plutôt proprement, il n’y a pas de phénomène de basses traînantes et un peu molles comme sur le Beats. Le Bowers & Wilkins PX reprend ce qui faisait la force du P9 à son avantage. Clairement, ce n’est pas dans ce registre que vous pourrez le piéger. Je ne dis pas non plus que nous sommes dans l’élite du casque dans ce domaine, mais pas simple de trouver un modèle sans-fil approchant sa performance.
Pour les médiums, c’est un peu plus compliqué, tout dépend de ce qu’on inclut dans ce terme. La première partie, bas médiums et voix, est plutôt bien retranscrite, l’espèce de profil descendant de la signature fait qu’on retrouve des timbres très chaleureux, vivants et plutôt bien tenue. Le problème est qu’assez vite, trop vite à mon gout, la signature part en pente assez raide et va justement sabrer dans la gamme des voix humaines. Il y a pire niveau inclinaison, mais cette signature fait qu’elle sera régulière, descendant presque sans interruption, ce qui se traduit par une sensation permanence de voile, d’étouffement dans les voix, particulièrement les voix féminines. Certains casque choisissent de le gérer en creux ponctuels, afin de rendre le message plus mesuré, le B&W PX le fait de manière plus générale, assez franche, sabrant largement un pan entier du signal.
Je suis habitué aux signature plutôt neutres, ce qui va de toute manière tempérer mon jugement. Ainsi, certaines personnes accrocheront justement à ce parti pris. J’ai tendance à le prendre comme un défaut technique, mais le driver n’est pas mauvais techniquement, le choix est donc conscient, comme pour différencier le modèle des autres. Et croyez le, il le fait.
Côté aigus, le Bowers & Wilkins PX trouve son fond autour des 4-6Khz. Très légère différence entre le modèle Bluetooth standard et le Mode Bluetooth + ANC. Ce dernier se permet un petit regain dans les aigus autour des 2-4Khz, sans que cela ne change significativement le caractère du casque dans un cas comme dans l’autre. Dans tous les cas, le modèle est tout sauf agressif, il est même d’une douceur cotonneuse. Impossible ou presque de le trouver fatigant tant il met en retrait ce type de fréquences. En l’état, je ne conseillerais absolument pas pour du rock par exemple, pour des musiques électronique, rap et certains Jazz, tous les styles pouvant fonctionner avec des signatures très sombres. Son problème n’est pas tant sa pente générale, le Bose QC35 ii est très proche dans l’idée, mais plutôt le fait qu’il ne lui laisse aucun pic pour respirer.
L’extrême aigus, autours des 8-10Khz, permet tout de même de ne pas sombrer dans l’anémie. Le modèle conserve un certains punch grâce à cela, mais en contrepartie ne sonne absolument pas naturel dans cette gamme. La fréquence est gonflée par rapport à ce qui l’entoure, ce qui la laisse un peu seule. Au delà des 10Khz, il n’y a tout simplement rien, ou presque rien.
Tout ces facteurs combinés font que le casque :
- Sonne de manière très large
- Surnage largement dans les basses. Bonne quantité, bonne extension et bonne qualité. Beaucoup d’énergie et de naturel
- Reste assez agréable sur les voix masculine, et sur les timbres en général
- Sonne très voire trop sombre pour les voix féminines, laissant une impression de voile constant, de son presque boueux si on lui en demande trop
- Extension dans les aigus trop faible, manque évident d’aération, de spatialisation des petits détails et d’étagement des différentes pistes
- Bosse des 8-10Khz trop isolée, sonorité facilement artificielle et métallique dans cette gamme
- Niveau de détails moyen, en très grosse partie du fait de sa signature. Pas du tout adaptée aux morceaux chargés et complexes
Pour qui ?
Pas pour moi, c’est une évidence. D’un point de vue personnel je prend ces réglages comme intéressants, mais poussés à l’emphase, ne permettant pas de savoir si, au-delà des médiums, le casque est vraiment bon ou mauvais dans telle ou telle fréquence. Très bon pour les basses, bon pour les médiums, mais pour le reste ?
Il sera très bon pour ceux qui déjà trouvaient la signature B&W idéale, et il y en a. Celle-ci ne change pas voire se retrouve gonflée par l’électronique plus conséquente du modèle.
Enfin, il pourra plaire aux amateurs de basses de qualité. En un sens, ce casque est un bien meilleur choix pour les musiques à beat bien marqué que le Studio 3 Wireless de Beats. Sa qualité dans le domaine est largement supérieure et les médiums plus maitrisés. Le driver est clairement au-dessus, mais la signature fait que le Studio 3 est malgré tout plus polyvalent, en tout cas ne penche pas autant d’un côté.
Le jazz bien chaud peut également être un style qui lui conviendra. De même, les styles électroniques pas trop chargés, type Synthwave, n’ont aucun problème pour le laisser pleinement s’exprimer. Aucun espoir pour le classique en revanche, demandant beaucoup trop de clarté pour ce que le casque est capable de délivrer. Idem pour les musiques type rock ou métal, demandant plus de tranchant.
Conclusion
Demi teinte. Non pas que le casque ne soit pas bon, son appellation de haut de gamme est parfaitement normale sur la majorité des points : Fabrication exemplaire, très bonne isolation active et passive, autonomie très correcte, capteurs de proximité. Mais ce Bowers & Wilkins PX se vautre sur certains points qui ne devraient pas lui échapper. Le confort, l’absence de mode filaire passif, les aigus anémiques. Tout pris bout à bout fait qu’il est difficile de le conseiller face à un Bose ou à un Sony, sans doute dotés de driver moins techniques mais plus équilibrés, ne laissant s’échapper presque aucun défaut.
Note : 8 Bob l’éponge pensifs
(nous rappelons que cette note est purement subjective voire très secondaire)