Je remarque, bien que cela ne fasse pas de vague, une certaine cassure depuis quelques années… depuis presque 10 ans en fait, entre le Japon et le reste du monde pour ce qui est du casque Hifi. Tout est très diffus, presque invisible à l’échelle lente de l’audio. Oui mais justement. Contre toutes attentes, tout s’est accéléré depuis le début de la décennie. Audeze, Hifiman, Meze (j’attend le Empyrean final), Focal, Abyss et bien d’autres. Toutes ces marques ont redessiné la carte sonore à coup de technologies nouvelles ou peu communes : Planaires innovants la plupart du temps, ou drivers béryllium pour Focal.
Et pendant ce temps, où était les Japonais ? Sony comptait les points sur son Z1R, surnageant légèrement (technologiquement parlant) avec son modèle 70mm et sa chambre en fibre de carbone. Les autres, les Audio-technica, les Pioneer, les Denon, les Onkyo (fusion avec Pioneer), les Fostex ? Du driver dynamique, du 50mm en titane, en bio-cellulose. De la technologie certes éprouvée mais oh combien classique, attendue… comme en panne d’idée.
Pas mauvaise pour autant, pas tout le temps, mais qui irait conseiller à prix équivalent un ATH contre un Audeze, Un Denon contre un Hifiman, un Pioneer contre un Focal ? Certainement pas moi. A côté, le Japon surnage dans une approche qui, sans être délaissée, reste secondaire : la fabrication ou plutôt le choix des matériaux, privilégiant l’organique à la high-tech.
L’esprit Artisan
Les Audio-Technica et leur utilisation sans cesse renouvelée de bois précieux, Denon et son dernier D9200 en Bambou, Fostex et son chef-d’oeuvre d’artisanat TH900, la liste et longue et vénérable. Et l’on peut, ne serait-ce qu’en effleurant la culture Japonaise du doigt, y voir une de ses caractéristiques. Un travail fait, refait et répété jusqu’à la perfection pour les choses en valant la peine. Ceci explique que, même à l’échelle des très grandes marques, ce genre de modèles haut de gamme en bois soit toujours travaillé à l’artisanal, à l’inverse des modèles Nomade ou plus simples, transpirants la modernité (ex : Sony WH-1000Xm3). La notion de bois est très mise en avant comme l’âme du casque, une partie de l’expérience et de la qualité sonore étant dans le rapport de l’utilisateur avec cette connexion, pas forcément dans l’apport technique (un peu comme les câbles « audiophiles », la notion d’arnaque en moins).
L’image d’un Japon supposément en retard est bien sûr très exagéré, d’autant plus que cet esprit artisan et cette approche se retrouvent dans des marques bien Occidentales comme Grado. Reste que, Stax étant passé sous pavillon Chinois pour une bouchée de pain, il n’est pas facile de trouver des marques de casques hifi Japonaises rivalisant avec les meilleures. Certains me citeront bien Final Audio, ce que malgré mon empathie sonore je n’arrive pas à comprendre (loin du niveau d’horreur d’un Ultrasone Edition 12 ceci dit). Mais soit, gardons Final Audio ! Reste que cela est maigre.
Le matériau est une chose, mais le driver reste la base de tout. Le casque audio n’a jamais été aussi qualitatif, mais en marge du classique driver dynamique ayant maintenant près de 80 ans, il y a des technos nouvelles, ou réinventant ce qui était encore assez mal utilisé (les anciens planaires n’avaient pas énormément pour eux). Audeze et Hifiman ont dynamité l’ordre établi, les autres suivent. Le driver, même en bio-cellulose, parait daté. Seul Focal et son approche Béryllium, peut être les futurs vrais membranes en Graphène, sont en mesure de proposer une vraie nouveauté. Cela ne change pas le fait que j’adore mon traditionnel HD800 de Sennheiser, mais je connais ses limites.
Onkyo/Pioneer
Et le SN-1 dans tout ça ? J’y viens. Vous savez, j’adore les petits trivia pour situer le décor, celui-ci est juste plus long que d’habitude. Cela explique aussi que, malgré le constat qui est ce qu’il est, je trouve cette approche du casque parfaitement à sa place, l’éloignant un peu de l’objet technologique et donc plus facilement périssable. Mais ne partons pas trop loin dans la prose, et revenons sur ce qui nous intéresse : Onkyo.
Peu connu pour ses casques audio chez nous, la marque en garde néanmoins sous le pied via Pioneer, entreprise avec laquelle elle fusionna en 2014. Cela engendra par exemple des baladeurs audiophile, un coup brandé Onkyo, un coup brandé Pioneer. Pour le reste, les marques paraissent, de l’extérieur, assez séparées.
C’est là que le Onkyo SN-1 entre en jeu, fruit de la collaboration Onkyo/Pioneer et Conde house, marque d’ameublement en bois situé à Hokkaido.
Onkyo SN-1 : d’abord l’âme
Pas la peine de vous l’expliquer, les matériaux sont à la base de tout dans un modèle autant marketé en tant que casque qu’en tant qu’oeuvre d’art.
La base de la structure du Onkyo SN-1, à savoir les coques, s’appuie sur un peu commun bois de Pawlonia de la région de Aizu (district de la préfecture de Fukushima). Ce bois relativement tendre et poreux est particulièrement utilisé dans les instruments traditionnels comme les Koto et Biwa. Taillé à la main, chaque coque voit son fond gravé en vaguelettes afin de piéger les ondes et limiter la résonance.
Onkyo SN-1 : vient le son
Second point, le driver. Comme je l’ai dit, nous restons sur une approche électrodynamique standard.
Le driver est ainsi un modèle 50mm avec membrane en bio-cellulose, ou plutôt le premier driver en « nanofibres de cellulose » (CNF) comme le précise la marque. Il y a peut être une raison à cela, mais elle n’est pas expliqué au-delà du nom qui en jette, le concept de fabrication apparaît comme le même qu’un bio-cellulose classique.
Très proche de celui du Pioneer SE Monitor 5, il partage également l’approche de son cadre : une enveloppe en magnésium pour rigidifier l’ensemble et réduire les vibration. En plus de cela, il fait la jonction entre la coque et les écouteurs par l’utilisation d’un cerclage en frêne, plus rigide que le Pawlonia. Dans les moindres détails on vous dit.
Côté caractéristiques :
- Réponse en fréquence : 10Hz-80Khz (très fantaisiste)
- Impédance : 40 Ohms
- Sensibilité : 99mW
Sur le papier, le casque pourra donc parfaitement être alimenté via une source peu puissante, un avantage que conservent toujours la plupart des modèles dynamiques.
Onkyo SN-1 : puis la forme
Passée cette approche boisée que je trouve magnifique et la partie sonore, classique mais visiblement très travaillée, la marque met le paquet sur le reste de la structure.
L’enveloppe métallique (arceau et accroche) est en duralumin (alliage d’aluminium) avec peinture façon cuivre. Et, cerise sur le gâteau , les coussinets ainsi que le revêtement de l’arceau sont en Alcantara.
La marque livrera chaque casque avec son numéro de série gravé dans le duralumin, le tout dans un coffret en bois.
Enfin, pour terminer sur les détails :
- Poids total : 400 gr. Pas le plus léger, mais assez contenu pour un modèle fermé en bois
- Livré avec un câble asymétrique jack 3.5mm, ansi qu’un câble symétrique en Jack 2.5mm
- Estampillé Hi-res, ce qui ne veut pas dire grand chose
je n’ai en revanche pas trouvé le nombre de casques qui seront produits à terme. Reste qu’il faudra être au Japon pour se le procurer, cela via la boutique Onkyo direct. Le modèle est en précommande et sortira à la fin du mois.
En revanche, petit bémol, le prix est de 362 880 Yens, soit un peu plus de 2800 euros. On a vu pire, notamment avec le L5000 de Audio Technica, mais nous sommes là dans les terres du très haut de gamme, des excellents Hifiman, Audeze, du futur Meze et nous chatouillons le Utopia de Focal. Mais, encore une fois, cela reviens à acheter un petit chef d’oeuvre d’artisanat.