Introduction
Le M50 de Audio-Technica, c’est un peu le chef, le patron, l’une des plus grandes réussites du constructeur Japonais, leur Sennheiser HD25 à eux. Ce modèle à gros câble spiralé, typique des modèles Monitoring, fut remplacé il y a quelques années via une itération M50x, allégeant le modèle tout en le rendant plus « durable ». Sa bonne précision, son confort et sa patate en ont fait un des meilleurs casques de sa gamme de prix, dépassant largement ses prétentions initiales pour facilement déborder dans le nomade ou le gaming.
Et il en a des qualités, car si la marque est très connue même chez nous, son aura est un peu étrange. A l’image de bien des marques Japonaises celle-ci parait presque vieillissante. De très bons produits récents comme le MSR7, mais à la traîne sur la réduction de bruit, à la traîne dans les modèles Hifi, à la traîne sur le True Wireless, sur beaucoup de choses en fait.
Le Audio Technica ATH-M50xBT n’est pas LA tentative de modernisation extrême de la marque, mais d’une intéressante remise au gout du jour de ce qui semble être sa meilleure vente (et on peut le comprendre). Il existait déjà des adaptateurs Bluetooth dédiés au M50x, par exemple chez Fiio, permettant le support du AptX Low Latency (ce que le modèle ici n’a pas) mais une autonomie de seulement 8 heures. Il existe maintenant le vrai, le seul, pensé par la marque, un modèle qui on l’espère sera aussi bon que ses aînés, avec et sans-fil.
Construction
Sérieux, du sérieux à l’ancienne. Enfin à l’ancienne… n’exagérons pas. Disons que le Audio Technica ATH-M50xBT conserve ce petit charme indéfinissable des casques de monitoring, des modèles n’ayant pratiquement jamais changé de gueule, cette impression d’en faire un peu trop, de devoir être allégé. Puis une fois en main tout prend son sens. Le modèle est parfaitement bien équilibré, mais surtout sans réel défaut. Beaucoup de plastique, mais très massif, et sans jeu. Un arceau en acier large, appelé à à tenir une vie entière.
Le produit est pivotable (cet adjectif n’existe pas) au niveau de ces oreillettes, et également repliable. C’est ce dernier point qui constitue, selon, moi, le seul petit défaut. On ressent une petite difficulté pour cette opération, celle-ci n’étant pas fluide mais sous forme de cran. Il faut attendre un petit « clac » pas forcément rassurant, fleurant largement le plastique, cette fois-ci dans le mauvais sens du terme. MAIS en regardant dans le détail, ce « Clac » vient de l’accroche à l’oreillette et pas du pivot en lui-même. En fait, il vient tout simplement de l’approche polygonale du système de rotation de l’oreillette, contrebalancé par un petit ressort métallique. Ainsi, pas d’inquiétude.
Accessoires
On sent très clairement que le modèle est un monitoring adapté en Bluetooth, et pas un pur modèle pensé comme tel. On ne retrouve pas la déferlante d’accessoires, les petites touches plus ou moins importantes. Ici :
- Câble avec micro et télécommande (sans le contrôle du volume)
- Housse de transport souple. Protège de la poussière, mais définitivement pas des chocs. Un peu dommage vu le prix, un petit rembourrage aurait tout de même été bien. Encore une fois on sent l’héritage des anciens modèles
- Câble de recharge en micro usb. Un peu dommage de ne pas avoir tapé dans l’USB-C
Confort
Il y a quelques temps que j’avais pas mis un M50x sur les oreilles, je ne pourrai donc pas certifier que nous sommes exactement dans la même qualité. Pour le coup, je me surprends encore à vraiment aimer ce modèle.
Je me surprends, car le modèle n’est ni le plus léger, ni celui avec les coussinets les plus rembourrés, il n’est pas instantanément une caresse comme peut l’être le Bose QC35 voire le Sony Xm3, mais le M50xBT est un coureur de fond. On peut le porter des heures sans que la sensation de ne varie. Il sait se faire oublier ou presque, englobe très bien, ne va pas vous labourer le crane après de longues séances. Sans doute pas le meilleur, mais un produit qui tient parfaitement son rang, particulièrement dans l’optique Monitoring.
Ergonomie
Du bouton, presque exclusivement du bouton. Tout se loge sur la coque droite, avec dans l’ordre :
- Bouton Marche/Arrêt/appairage
- Volume, permettant également de naviguer en appuyant sans relâcher pendant 2 secondes
- Lecture/Pause
Enfin, seule incursion dans le tactile, et très discrète voire impossible à reconnaître sans le savoir : l’appel aux assistants vocaux. Il faut ici garder le doigt au niveau du logo de la marque. La sensation est un peu étrange, donnant l’impression d’être entre tactile et bouton. On se demande surtout pourquoi la marque n’est pas allée au bout du concept du tactile, la disposition des boutons n’étant pas mauvaise, mais pas franchement des plus agréables.
Connectivité
L’Audio Technica ATH-M50xBT a beau paraitre à l’ancienne, il utilise tout de même une puce Bluetooth 5. Cela veut tout et rien dire vous commencez à le savoir, mais indique au moins que nous ne sommes pas dans de la reprise d’anciennes puces.
En, l’occurrence, le modèle est d’ailleurs plutôt convaincant. Le signal est bien tenue, la portée n’est pas meilleure que sur des modèles Bose ou Sony, et les décrochages sont assez rares mais tout de même présent.
MAIS ! Un gros bémol que je n’ai pas réussi à régler, en tous cas pas sur 2 téléphones Android, un bug qui est peut-être arrivé une ou deux fois sur d’autres casques, mais devenant ici totalement systématique.
Je m’explique. Lorsque je passe d’un lecteur à un autre, par exemple de mon lecteur intégré samsung à Spotify, le passage de l’un à l’autre fait que le son est coupé. Pas mis en silencieux, juste… absent, comme si le modèle était en mode veille, c’est à dire connecté en Low Energy, ayant toujours le lien avec le casque, mais n’ayant pas enclenché le profil audio. Il est alors nécessaire de soit changer de piste, la remettre au début, ou aller n’importer où dans la piste. Cela n’est pas systématique, mais très fréquent. Je pense que cela vient d’une mauvaise gestion de sa mise en veille, mais je ne pourrais rien affirmer. Cette espèce de frénésie de la mise en veille explique peut-être également sa très bonne autonomie (mais nous y reviendrons)
Deuxième étrangeté, le modèle n’a pas de mode Appairage/Discoverable en tant que tel. Il y a une position Éteinte et une position Allumé du bouton d’alimentation. Ainsi, allumé le met automatiquement dans ce mode si aucun produit connu n’est dans les parages. Dans le second cas, il est alors nécessaire de déconnecter le premier smartphone/produit pour passer en mode appairage avec le second. Une approche étrange et pas franchement rassurante côté sécurité. Le produit semble faire l’accroche de connexion via la composante Low Energy, ce qui devient assez standard car permet une meilleure gestion des micro mises en veille par exemple.
Troisième point : un très petit souffle constant peut être perceptible en environnement calme, et avec une musique à bas niveau. Un point qui se retrouve surtout sur les casques à isolation active, petit problème de gestion de l’amplification ou de la puce Bluetooth. Difficile à dire ici, et le problème est rarement gênant, mais c’est un défaut qui devient rare dans les casques modernes.
Enfin, petit clou du spectacle, j’ai eu énormément de mal à faire reconnaître le casque sur l’application dédiée. J’ai dû plusieurs fois réinstaller l’application puis redémarrer le modèle. Celle-ci permet de vérifier la gestion du codec utilisé ainsi que le niveau de batterie, ce qui est déjà ça. Mais au final, je ne l’ouvrait pratiquement pas. Une application de plus dans votre téléphone.
Bref, il y a du bon, et il y a du « revoyez votre copie bordel » ! On sent que la marque ne maîtrise pas complètement, ce qui est un peu dommage.
Codecs
Le M50xBT n’est pas ce qui se fait de plus complet, mais va tout de même contenter la plupart des utilisateurs. Si le LDAC aurait été normal pour un modèle de ce calibre et de sa réputation, on reste sur : SBC, AAC et AptX. Ni fou ni mauvais pour un casque de 2019.
Ces codecs (AAC et AptX) font que le casque possède une latence acceptable, suffisamment bonne pour ne pas devenir trop gênante en vidéo (même si remarquable), mais pas assez bonne pour un usage jeu vidéo par exemple. Comme la plupart des modèles maintenant, les applications de lecture vidéo (youtube, netflix, etc) permettent dans leur majorité de compenser la latence automatiquement.
Isolation Passive
Un fermé, un vrai fermé. Ainsi le produit est suffisamment bon pour nous caler dans sa bulle. Pas le meilleur, mais au-dessus d’un Bose dans ce domaine précis par exemple. Le Focal fait mieux, mais en serrant et en rembourrant davantage.
Des hauts-médiums et des aigus bien sabrés comme il faut, mais bien sûr pas de miracle pour les fréquences basses, le M50xBT n’est pas un ANC. Exit donc l’annulation d’un réacteur d’avion ou du bruit lointain des villes.
Autonomie
La marque promet un très généreux 40 heures… et je suis arrivé à peu près dans ces eaux. Sans avoir le nez sur la montre, je suis arrivé autour des 37-38 heures en utilisation classique, c’est à dire en alternant les 3 codecs, pour un volume entre 50 et 80% selon les environnements. De quoi tenir une ou deux semaines en utilisation classique.
Son
Oui, je retrouve bien là la patte du produit ! Rien n’a bougé ou presque, cette signature assez typique, vraiment pêchue sans être trop agressive.Je l’ai principalement mis en face de mon Focal Listen Wireless, les modèles étant globalement dans la même gamme de prix : 199 pour le ATH, 249 pour le Focal au lancement, mais ce dernier est tombé à moins de 149 maintenant, et le Audio Technica ATH-M50xBT se trouve également dans les 169 sans trop fouiller. De plus, ils n’ont pas cédé aux sirènes de l’isolation active, qu’on présente un peu trop comme le messie (comme si les transports en commun fonctionnaient avec des turboréacteurs). Enfin, ce sont deux casques étant aussi bon en filaire qu’en Bluetooth. On pourrait même dire qu’ils se bonifient sur un bon ampli. De l’audio un peu à l’ancienne.
En revanche la comparaison s’arrête là ou presque.
Le ATH-M50xBT n’est pas un modèle de neutralité comme le Focal. Sa signature est en V, voire même en W. Le bas du spectre ainsi bien en avant mais pas atrophié, le modèle descend très bas, presque sans effort, et exploite bien ses membranes de 45mm (contre 40mm pour la plupart des casques bluetooth). De ce point de vue, je trouve qu’il tient bien mieux la barre que le Sony WH-1000XM3, lequel bave un peu en voulant trop en faire.
L’ATH permet de taper fort tout en conservant une bonne rondeur, un casque parfait pour qui aime les modèles bien basseux mais propres, une qualité que peu de casques Bluetooth possèdent. On sent que son driver est d’un approche à part, presque plus pensé pour le salon que pour le nomade. On se pourrait se dire que le modèle en fait un peu trop, ce qui n’est pas faux, paraissant appuyer la moindre ligne de basses dès qu’il le peut. En pratique on se fait très vite à sa signature, et le Focal parait très terne à côté. Pour un usage nomade, le ATH est bien plus agréable à l’écoute, le Focal a un côté plus technique, son driver parait plus moderne, mais il n’est pas aussi joueur.
Les Bas-Médiums sont en revanche un peu en retrait, assez logique vu l’approche. Pas brouillons en soit, mais un peu trop cernés par les graves et les aigus. Le déséquilibre n’est pas gigantesque, pas dérangeant non plus, mais on le remarque. On peut dire signature en W car le modèle n’a pas non plus un énorme creux qui ne remonterai que dans les aigus. Les voix ne sont ainsi ni voilées (coucou B&W PX) ni trop noyées dans la masse, leur clarté est même un peu boostée, mais elles auraient gagné à se détacher un peu plus du reste. En fait, il y a un certains paradoxe, assez bien illustré dans sa comparaison avec le Focal. Ce dernier projette un peu plus la voix, mais ne possède pas ce petit boost dans les haut-médiums amenant sa clarté. La voix est un peu plus lointaine et mieux détachée pour le Focal, plus proche, un peu moins détachée mais plus claire sur le ATH. Question de philosophie.
Un pic assez classique dans les aigus autour de 8-10Khz, pour le clinquant, le brillant du son, une habitude du M50 et du M50X. Cela donne au modèle le reste de son énergie déjà présente dans le registre grave. Ainsi, le M50xBT tape tout en restant clair… parfois à la limite de la sibilance. Le modèle peut alors sembler un peu bordélique dans les pistes trop chargées, sans pour autant être agressif et sans jamais se noyer. Encore une fois, cette signature à ses avantages et ses défauts. Il n’est pas rare de trouver une emphase inutile sur le registre type cymbales par exemple.
Cette signature donne la sensation d’un espace sonore assez large, assez ouvert au modèle, modèle qui se permet en plus d’avoir un très bon niveau de détails et une bonne séparation des instruments. Sa signature aide, mais Audio-Technica la maîtrise bien, ne tombant pas dans d’autres travers. Il est assez expressif, loin d’être neutre, mais finalement assez passe-partout. Du purement vocal ne sera pas là où il excelle encore qu’il peut rendre une très bonne copie (tout dépend du mix), et difficile de le conseiller sur du classique, mais difficile de le prendre en défaut sur le reste, il faudra accepter ce modèle qui tape fort et qui parfois siffle.
Par rapport à la concurrence ? On sent le passif du modèle. Sur certains point il peut faire mieux que les meilleurs ANC (ce qui n’est pas incroyable non plus). L’impact et la propreté des basses par exemple, qu’on ne retrouve sans aucun modèle même les plus chers (Sony 1000Xm3, Bose QC35ii, B&W PX ou Sennheiser PXC550) ainsi que cette sensation d’enveloppement. Idem pour le niveau de détails, la disposition dans l’espace des petits éléments, une chose que font bien les Sony et les Bose, mais que je trouve bien plus naturelle sur le ATH ou sur le Focal.
l’ATH est-il meilleur pour autant ? Non pas forcément, il restera meilleur sur les basses, mais on sent tout de même le poids des années. Un excellent driver, mais un peu vieillissant, devenant un peu dépassé sur la précision des aigus par exemple, On sent le driver du Focal ou du Sony plus modernes… plus malléables, là où le Audio Technica ath-M50xBT n’a été fait que pour cette signature sonore, et paraîtrait bien perdu si on lui retirait. L’égalisation n’est jamais aussi convaincante qu’avec le réglage de base, là où le Sony, les Bose, le Focal peuvent largement évoluer.
Un son que j’aime pourtant énormément, une signature très accrocheuse, parfois un peu caractérielle, mais difficile d’aller le chatouiller sur ses domaines de prédilections, preuve que le casque Bluetooth n’avance pas si vite que cela en qualité sonore. Aussi intéressant en nomade qu’en Monitoring, son niveau de détails et sa précision étant parfaitement adaptés à son usage.
Pour faire simple : Vous voulez un casque puissant, tranchant, confortable, permettant également de servir de bon modèle Monitoring/MAO voire de casque Gaming (bien meilleures basses que la majorité des modèles), et pourquoi pas de petit modèle hifi pas vilain ? Cherchez pas plus loin. Le Audio Technica ATH-M50xBT est peut-être bien le casque le plus complet dans les usages possibles.
Conclusion
Un M50x avec du Bluetooth. C’est presque aussi simple, aussi stupide que cela. Le Audio Technica ATH-M50xBT est toujours bien construit, confortable et bien isolant tout en proposant ce qui a fait sa force : une signature sonore détaillée, plutôt aérée et très puissante. Reste que, si son autonomie est un modèle, l’expérience Bluetooth n’est pas parfaite, le manque de fonction annexes et ses quelques couacs se faisant ressentir. Dommage, car il est difficile de voir un casque aussi multi-usage que celui-là. Musique en Nomade, MAO, Gaming, vous faites tout à la fois ? Ce casque est le premier auquel je pense.
Note : FA Dièse
Galerie Test Audio Technica ath-M50xBT