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Casque Légendaire #2 : Akg K1000

écrit par audio du village

Une étrangeté. Une époque où la firme Autrichienne se battait encore à coup de concepts : les années 80. Une approche qui, après son rachat par Harman en 93, cessera presque immédiatement. Des modèles hybrides, des modèles bi-transducteurs, des œuvres et essais sortants de la tête d’ingénieurs incontrôlables. Parmi eux un modèle plus proche de la double enceinte portable que du casque, le haut de gamme AKG K1000.

 

 

Pourquoi un casque ? 

Il faut bien se replacer dans le contexte de la fin des années 80/ début des années 90. Cette époque marque un véritable bouillonnement dans le haut de gamme,  qui verra apparaître nombre de références très recherchées aujourd’hui. Le R10 de Sony, le Orpheus de Sennheiser, les premiers Grado HP, tous ces modèles sortent de la même période intense où chacun veut faire le meilleur, quelques petites années que l’on revivra au début des années 2010 et l’explosion des nouvelles marques comme Audeze,  le retour de Stax, Sony, Fostex, ou encore Sennheiser dans le très haut de gamme, période qui n’en finit d’ailleurs pas.

Annoncé en 1989 à environ 1000$ (soit environ 2000$ actuels), le K1000 proposait une synthèse entre le Jecklin Float et le Stax SR Sigma, deux autres étrangetés de la hifi ayant des qualités et des défauts propre aux casques voulant sonner trop large. Ainsi, il se présente extérieurement sous la forme d’un arceau supportant deux grilles métalliques, une mousse s’appuyant au-dessus de l’oreille. Ne cherchez pas de coussinets, il n’y en a pas, les écouteurs ne touchant pas l’oreille mais pivotant autour d’un axe vertical. Ce mouvement de pivot rapproche ou éloigne l’écouteur, donnant un semblant d’ampleur sonore.

 

Défi technique

Développé sur pas moins de 3 ans, le K1000 tentait de résoudre un petit défi acoustique. Car si éloigner et incliner les drivers d’un casque permet une spatialisation plus étendue, le rendu des basses baisse dramatiquement voire devient négligeable faute de transmission dans la matière. Essayer de décoller légèrement vos oreilles de votre casque audio, vous entendrez encore du son mais plus aucune basse.

L’équipe d’AKG développa donc un ensemble sonore spécial, permettant une très faible distorsion sonore malgré un déplacement de la membrane plus important qu’à l’habitude, proche justement de celui d’une enceinte classique. La vidéo ci-dessous met bien en avant la particularité de l’aimant utilisé. Ce système est apellé VLD (Ventilated Linear Dynamic).

Partiellement réussi puisque le casque ne brille pas par la profondeur de ses basses, le AKG K1000 réussissait pourtant le principal, une impression d’espace sonore qui, même à l’heure actuelle, n’a pas vraiment d’équivalence. De plus, si les basses étaient faibles, elles n’étaient pas anémiques.

On le voit largement sur la courte vidéo, cet écouteur ne ressemble à rien d’autre, à mi-chemin entre l’enceinte et le driver classique.

 

Je veux du jus

Revers de la médaille et du déplacement important demandé par la membrane, la sensibilité du modèle (globalement la capacité de transformer son signal électrique en son) est ridicule, près de 74dB/mW lorsque certains modèles hifi dépassent les 100dB/mW, typiquement 400 fois plus énergivore (mais nous parlons de dB, l’oreille ne le prendra pas comme 400 fois moins fort). inutile donc de laisser dans les pattes d’un ampli standard. La marque a ainsi développé 3 solutions :

-Le  K1000 Selector, un petit switch/ adaptateur d’impédance à brancher en sortie d’amplificateur enceintes via des prises borniers, solution du pauvre mais pouvant se relever bonne suivant les configurations.

 

 

-Le SAC K1000, un ampli dédié à ce modèle, spécialement étudié mais qui n’est pas encore la meilleure solution.

 

 

 

– La solution suprême :  le BAP1000 Audiosphere, toujours ampli tout en un, mais surtout un DSP (une puce de traitement sonore) intégrant des réglages poussés permettant la simulation d’un système d’enceintes, des effets de reverb, des profils personnalisés, etc…, le tout via un système de cartes à enficher dans une encoche prévue.  Une chose assez unique. Autour de 1500$ à sa sortie, le modèle est une vraie rareté à présent.

 

La fin d’une époque

Commencée en 1989 et arrêtée en 2005 faute d’outils encore adaptés (machines hors service, non remplacées car modèle assez peu vendu), la production finale serait autour des 11 000 unités ce qui est relativement important pour un casque très haut de gamme. En revanche sa réparabilité est proche du néant. Mis à part quelques éléments en cuirs ou câbles, rien ne peut se remplacer.

Pas le meilleur techniquement, loin de là, un peu dépassé par des modèles comme le HD800 de Sennheiser, le AKG K1000 reste une expérience vraiment à part. Mais comme tous les modèles  recherchés, sont prix est en conséquence, tapant facilement les 1200-1500 pour un modèle en bon état.

Certains rêvent maintenant d’un impossible AKG K2000, modèle bien trop fou pour l’AKG de Harman-Kardon… qui existe pourtant depuis 1972 à travers un casque/oreillette métallique.

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